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concert Colonne avait été en général assez malmenée par nos confrères parisiens. Il est difficile de dire si l’œuvre de M. Trémisot a obtenu du succès, toutes les œuvres lyriques étant jouées trois fois à Monte-Carlo quelque soit leur intérêt. Nous serions heureux que l’œuvre de notre compatriote ait une valeur plus grande que les opéras de M. Cohen (Isidore de Lara) qui, on se le rappelle, furent montés par le théâtre de la principauté de Monaco.

Le bruit court que les Isola ne continueraient pas au square des Arts-et-Métiers les saisons lyriques qu’ils ont inaugurées cette année. L’Opéra émigrera très probablement au boulevard l’an prochain. Les directeurs de l’Olympia ont l’intention d’édifier sur l’emplacement de leur music-hall une salle de spectacle modèle, où ils feront accueil aux productions de l’art musical français et étranger. Ils estiment qu’un seul grand music-hall comme les Folies-Bergères suffit aux Parisiens et ils se proposent de supprimer la concurrence qu’ils se font, pour ainsi parler, à eux-mêmes.

D’autre part, par un nouveau traité signé entre MM. Isola et MM. Hertz et Coquelin, la Gaîté passe aux mains des anciens directeurs de la Porte-Saint-Martin, MM. Isola restant propriétaires jusqu’en 1911 du droit au bail et sous-louant, pour une durée de six années, leur salle bleue et or à MM. Hertz et Coquelin. Le genre de la Gaîté sera la pièce à spectacle, historique ou fantaisiste, en vers ou en prose.

La première représentation du Kobold, de M. Siegfried Wagner, a eu lieu, cette semaine, à Hambourg. Bien que le livret, qui est également de S. Wagner, soit très compliqué, qu’il contienne à la fois des éléments comiques, réalistes, féériques, populaires et vécus, et que la partition se ressente de ce méli-mélo de sentiments divers, le Kobold a été très applaudi. Le troisième acte surtout a produit une impression profonde. Le compositeur-poète a été rappelé sur la scène après chaque acte.

La veuve du ténor Ludwig Schnorr von Carolsfed, le premier interprète de Tristan, — qui ne survécut que peu de semaines à son importante création et succomba le 21 juillet 1865. Mme Schnorr von Carolsfed vient de mourir à Carlsruhe. Elle avait créé à Munich, à côté de son mari, le rôle d’Isolde (10 juin 1865) qu’elle a chanté en tout quatre fois, cae, après son deuil, elle ne reparut plus au théâtre. Son nom de jeune fille était Malvina Guarrigues, son lieu de naissance Copenhague. On a dit qu’elle descendait d’une famille française réfugiée en Allemagne après la révocation de l’édit de Nantes et qu’elle était l’arrière-petite-nièce du célèbre tragique anglais Garrick, qui modifia le dénouement de Shakespeare pour Roméo et Juliette. Mlle Malvina Guarrigues débuta dès l’âge de dix-huit ans à Dresde, après avoir suivi à Paris les leçons de Manoel Garcia ; elle épousa Schnorr à Carlsruhe.

Le Maestro Puccini en renvoyant à la maison Lami, de Pise, un grand piano qu’il avait loué ces mois derniers, a écrit sur le couvercle du clavier : « Giacomo Puccini a composé sur ce piano Madame Butterfly, 1903 » Voilà un instrument qui sera très recherché, s’écrie Il Mondo Artistico, en publiant ce fait…

Il vient, dit-on, de se constituer en Italie une grande association pour l’exploitation de la plus grande partie des théâtres lyriques, ce qu’on pourrait appeler une espèce de « trust » Le capital souscrit à cet effet est d’un million, formé de petites coupures. La Société organisera tout le personnel artistique de façon à le faire passer successivement de ville en ville.

À l’occasion du concours de chant de Francfort, l’Empereur d’Allemagne a décidé de faire réunir tous les chants populaires allemands, en y comprenant aussi les chansons néerlandaises, tyroliennes, styriennes, autrichiennes et suisses. Deux commissions, consultative et exécutive, ont été nommées ; elles seront présidées par le conseiller intime baron de Liliencron, poète bien connu.

MM. les Artistes et Organisateurs de Concerts qui désirent qu’il soit rendu compte de leurs auditions sont priés d’adresser un double service à la Rédaction de la Revue Musicale de Lyon, 117, rue Pierre-Corneille.

Le Propriétaire-Gérant : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon.