Page:Revue de Genève, tome 1, 1920.djvu/656

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trouvé de nos jours son expression la plus élevée dans ce vœu qu’ont formé les peuples de voir naître une Société des nations pour assurer la paix du monde. Il est vrai qu’une des nombreuses critiques que l’on trouve à faire à la Société est qu’elle n’est pas, dans sa constitution même, assez démocratique. Mais si, par exemple, à la première assemblée, on remarque parmi les représentants des nations une proportion trop forte de représentants des gouvernements, qu’en faudra-t-il conclure ? Que c’est seulement une des erreurs qu’il faut souhaiter de voir disparaître, au fur et à mesure que se complétera l’expérience internationale. On n’a jamais eu l’intention d’imposer le Pacte, à la façon des lois des Mèdes et des Perses. Il a été conçu comme il a été offert au jugement du monde, par des hommes qui ont cru qu’en dépit des défauts qu’on y peut relever et dont eux-mêmes se rendaient compte, le Pacte était pourtant assez intelligible et assez décisif pour qu’on y pût trouver les bases sur lesquelles il appartient à d’autres de bâtir.

L’essentiel était alors d’entreprendre, et de prouver que le projet n’était point chimérique. Et cela, je suis heureux de pouvoir le dire, a été fait. Personne ne saurait soutenir raisonnablement qu’il faut inférer, du fait que l’ordre ne s’est pas rétabli sur le champ dans le monde bouleversé, en janvier dernier, au moment où le Traité de paix saluait l’avènement de la Société des nations, que cette ligue des peuples suivra celle qui l’ont précédée dans la voie malheureuse où elles sont mortes avant d’avoir vécu. On ne peut, du jour au lendemain, avoir raison du désordre général qu’a provoqué la guerre récente. Et, du reste, plusieurs cas importants, dans lesquels il faut voir quelques-unes des causes du bouleversement actuel, n’ont été soumis à la Société des nations qu’au moment où les choses étaient terriblement avancées. Ce que je ne crains pas d’affirmer, c’est que dans tous les cas où le Conseil a été consulté et a pu agir, il a obtenu des résultats tels que, de toutes parts, il a reçu des marques d’approbation et d’encouragement. Et cela est vrai au point de me convaincre combien il est nécessaire que tout le monde se persuade, en chaque pays civilisé, d’avoir voix