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polythéisme symbolique et plastique des peuples indo-européens, un matérialisme abstrait, un mysticisme terrestre qui répugnent à la sensibilité aryenne. Malgré son génie d’adaptation passionnée, le peuple juif semble aux antisémites profondément réfractaire à la civilisation des peuples chrétiens, héritiers des disciplines grecques et romaines et du patrimoine germanique. Ses ennemis voient en lui un danger auquel il faut parer par tous les moyens.



Nous étudierons, dans une prochaine chronique, la « théorie » antisémite et en apprécierons la valeur.

Bien ou mal fondé, l’antisémitisme est plus violent que jamais.

Il nous déplaît de devoir rappeler les horribles souffrances infligées aux populations juives pendant ces dernières années. Nous ne nous arrêterons pas sur le « boycottage » économique et social, les expulsions, les massacres organisés de Russie, de Roumanie, d’Ukraine et de Pologne.

Dans ces contrées l’antisémitisme est encore plus puissant qu’il ne paraît de prime abord. Il est artificiellement contenu et ne révèle pas son entière intensité. Des raisons de politique internationale obligent les gouvernants à brider momentanément les instincts populaires.

En Autriche, les dernières élections ont marqué un progrès très sensible du groupe chrétien-social, parti ouvertement anti-juif. En Hongrie et en Allemagne, l’antisémitisme est l’arme facile de la réaction militariste. Il se développe assez rapidement en Tchécoslovaquie, en France, aux États-Unis, en Italie et même en Angleterre.

On n’a pas manqué, dans tous ces pays, de tirer parti du bolchévisme. De ce que quelques juifs renégats se trouvent avec de nombreux « camarades » chrétiens à la tête du mouvement communiste, les antisémites concluent hardiment que tous les Juifs — ou presque — sont bolchévistes. Ils oublient de remarquer que, s’il y a des Israélites à la