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terre, à la terre de ses ancêtres cette terre, qu’il réclame depuis dix-huit siècles, dans ses prières obstinées.

Un mouvement philanthropique de colonisation palestinienne naquit en Russie vers 1882, lors des grandes persécutions.

Mais ce n’est qu’en 1895, en pleine affaire Dreyfus, que Théodore Hertzl préconisa une solution large et définitive dans un livre intitulé L’État Juif. Il convoqua en 1897 un congrès universel qui prit pour programme « la création en Palestine d’une résidence garantie par le droit public ».

Les souffrances juives étaient trop fortes, la nostalgie de Sion trop puissante pour ne pas donner au nouveau mouvement une immédiate extension. Herzl parvint rapidement à intéresser l’opinion publique. Il entama des pourparlers avec le sultan de Turquie. Il négocia avec le gouvernement anglais. Cependant, malgré des efforts tragiques, il n’obtint pas des résultats très importants.

À sa mort, et sous l’influence des masses russes impatientes, le sionisme évolua et poursuivit des buts immédiats, moins politiques que « pratiques ».

Mais la guerre vint. Depuis 1914 de grands changements sont survenus dans le mouvement sioniste. Il est devenu nettement politique. Il a su entrer en pourparlers avec les gouvernements alliés, au moment propice. La guerre a détruit les grands centres de vie juive. Les communautés de Russie et de Pologne sont en ruines. Les Juifs des pays anglo-saxons ont dû assumer la direction du mouvement. Enfin, un courant sympathique au sionisme s’est dessiné dans les milieux de l’Entente, particulièrement en Angleterre.

Il est certain que les Alliés avaient intérêt à rendre une vie indépendante à la nation juive. L’appui des milieux Israélites n’était pas à négliger. Ils étaient puissants en Amérique, spécialement dans l’entourage du Président Wilson. Il rentrait en outre dans la politique anglaise d’avoir près du canal de Suez une nation amie, sentinelle sur la route des Indes.

Il ne faut cependant pas omettre la part réelle d’idéalisme qui trouvait place dans ce mouvement. Les milieux