vitesse extrême de l’Insubmersible, ses embardées et sa petite taille, en faisaient un objectif difficile…
Pour l’Old Queen-Elizabeth, l’aventure devenait sinistre. De larges fissures béaient dans sa coque, dont l’une à la ligne de flottaison. L’eau entrait ; le navire commençait à se pencher, l’équipage s’empressait aux canots de sauvetage… Un énorme jet de vapeur, une détonation prolongée annoncèrent que la machinerie était atteinte :
— Les pauvres ! — murmura Salaun, en faisant un rapide signe de croix… — ils sont flambés !
Le canot n’était plus qu’à quelques centaines de mètres du sous-marin. Les projectiles l’enveloppaient furieusement ; mais la petite embarcation aussi rapide que les goëlands et aussi déconcertante que les hirondelles, semblait jouer à cligne-musette avec les obus.
— Ah ! ben, — ronchonna le marin…
Un projectile venait de s’enfoncer à moins de dix toises.
— Pas encore de ce coup ! — clama sauvagement Salaun…
— Il faut ralentir… puis s’arrêter… le cap sur eux ! — commanda paisiblement Philippe.
Le vieux obéit. Là-bas, l’Old Queen-Elizabeth coulait, des embarcations chétives fuyaient sur la plaine glauque. Les hommes du sous-marin riaient.
— Stop ! — dit Philippe, l’œil fixé sur l’ennemi.
Il toucha successivement trois boutons électriques… Une poussée sourde, un sillage, puis une vague aux flancs du submersible, une clameur et des imprécations :
— Ils en tiennent ! — reprit le jeune homme… — Au large !
L’Insubmersible s’éloignait à toute vitesse ; le sous-marin semblait indemne ; il continuait à bombarder la barque :
— Il en tient tout de même, allez ! — remarqua le vieux.
Un quart d’heure s’écoula. L’Insubmersible était hors de portée. L’Old Queen-Elizabeth avait coulé ; le sous-marin demeurait en surface.
— Doucement ! — dit Philippe.
Il avait repris sa longue-vue, il examinait l’ennemi :
— Il a certainement quelque chose !