Page:Revue de Paris, année 24, tome 4, 1917.djvu/655

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
655
LE SOVIET DE PÉTROGRAD

lisme. Son point de vue a été le suivant : il représente des tendances socialistes ; il se rend compte que la société russe n’est pas mûre pour le collectivisme ni pour l’internationalisme ; par sagesse, il ajourne la réalisation de l’intégralité de ses idées sociales ; il s’engage à prêter au Gouvernement provisoire toute l’autorité morale et matérielle nécessaire en vue d’organiser le pays ; mais il lui demande la liberté de la presse, celle des réunions et surtout une certaine politique internationale. À ces conditions il prêterait et maintiendrait son concours.

Un conflit ne tarda pas à se produire. Le 18 avril (vieux style), Milioukoff, dans une célèbre déclaration, fit connaître que le nouveau Gouvernement entendait maintenir les conventions passées par l’ancien régime ; alors des troubles éclatèrent à Pétrograd. Lénine voulut renverser le Gouvernement ; il échoua, mais le Gouvernement provisoire dut subir un remaniement et accepter une nouvelle formule de politique extérieure, ou plutôt revenir à celle du 28 mars. En revanche, le Soviet a assumé, sans peut-être prévoir toutes les conséquences qui allaient en résulter, la responsabilité du pouvoir ; il a délégué cinq membres pour prendre place dans le nouveau Gouvernement. L’entente se fit dans la nuit du 4 au 5 mai, à 2 heures.

Désormais, le Soviet nous apparaît sous un double aspect : il fait partie intégrante du Gouvernement et, à ce titre, use de son prestige et de son influence pour l’appuyer auprès du pays ; d’autre part, il représente le socialisme organisé, et c’est à ce titre qu’il a obtenu du Gouvernement russe le droit de convoquer une conférence internationale dans un pays neutre pour préparer la liquidation de la guerre avec, comme objet, la paix universelle.

II

Le Soviet a formulé ses idées directrices dans un manifeste du 14 mars 1917 (vieux style) et dans une série de documents dont la pensée dominante est la suivante :

La Russie ne saurait penser à une paix séparée qui serait