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LE SOVIET DE PÉTROGRAD

miques des classes ouvrières et leurs efforts légitimes vers d’autres améliorations ne doivent point affaiblir la force de leur labeur, mais au contraire ils doivent pousser l’intensité de leurs forces productrices jusqu’à leur extrême limite, en vue d’assurer le nécessaire et aux populations et à l’armée.


Même ainsi précisé et éclairé, l’appel sembla dangereux, notamment à la fraction du Conseil composée de militaires : une fraction de l’armée ne serait-elle pas tentée d’interpréter l’appel comme le signe précurseur d’une paix bâclée ? Cette confusion se produisit en effet : des soldats en avertirent les membres du Soviet ; pour bien faire comprendre le sens de l’appel, Tzeretelli dut déclarer :


…Jusqu’à ce moment, nous demandons aux soldats et aux ouvriers de rester à leur poste et d’observer les principes de l’organisation militaire ; les soldats ne doivent pas se contenter de défendre la frontière, ils doivent prendre l’offensive, s’il est nécessaire. Il n’est pas question, pour la Russie, de déclarer son désir d’entrer en paix avec l’Allemagne par-dessus la tête des Alliés. Ce n’est pas le chemin que la démocratie russe veut suivre, que l’Internationale nous recommande. Il ne s’agit pas pour nous de quitter les rangs de nos alliés ; jamais la démocratie russe n’a placé la question sur ce terrain ; ce serait néfaste pour la Russie révolutionnaire, parce qu’alors elle serait obligée de conclure une paix honteuse, parce qu’alors, restée seule face à face avec la coalition ennemie, elle serait écrasée ; ce ne serait même pas dans l’intérêt de l’Internationale, parce que l’Internationale est intéressée à la cessation de la guerre en général… Si nous entrions en pourparlers avec l’Allemagne par-dessus la tête des Alliés, nous aurions volontairement abandonné une arme puissante et nous adopterions une tactique qui couvrirait de honte et d’infamie et la Russie révolutionnaire et l’Internationale.


Le compte rendu sténographique ajoute que ces déclarations de Tzeretelli ont été saluées par une tempête d’applaudissements[1].

Ces déclarations, remontant à plus de deux mois, se sont retrouvées identiques dans le langage que les journaux ont prêté au même Tzeretelli à la fin de juin. Sachons donc que, depuis le commencement, le Soviet dans son immense majorité

  1. Voir Informations du Conseil des Ouvriers et des Soldats, compte rendu sténographique, no 34, 20 avril 1917.