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LA REVUE DE PARIS

vous votre devoir : que personne ne cherche, dans le moment actuel, à se soustraire à l’accomplissement de son devoir à l’égard de la patrie. Les Conseils des délégués des Ouvriers et Soldats et les représentants des Paysans veillent à la liberté de la Russie.

Soldats et officiers, que vos cœurs n’éprouvent aucun doute. Vous luttez pour la liberté et le bonheur de la Russie, pour une paix générale et prochaine ; nous vous envoyons le salut chaleureux de vos frères.

Vive la Révolution ! Vive l’armée révolutionnaire !


Maintenant que nous connaissons l’ensemble des documents et des idées du Soviet de Pétrograd, nous comprenons son langage et la portée de son programme de paix universelle.

Cependant, il faut ajouter que le contact personnel des socialistes de l’Entente avec les socialistes russes a dissipé plus d’un malentendu. Le langage du Soviet est devenu plus clair depuis que, dans les entretiens avec les socialistes alliés, il a pu donner à ses pensées une formule plus précise et plus concrète.

De nouvelles conversations, de nouvelles marques de confiance, sortira une communion plus intime entre les deux démocraties ; elle permettra d’expliquer ce qu’il y a de justifié dans la prétention des Alliés d’obtenir des réparations et des garanties. M. Ernest Lavisse, dans un article que le Temps a publié (le 25 mai), en rendant hommage à l’œuvre de la Révolution russe, a parfaitement bien exposé pourquoi la question de l’Alsace-Lorraine n’est pas aussi vivement sentie en Russie qu’en France ; mais la démocratie russe, si sensible aux idées généreuses, finira par admettre la justesse des revendications de la France. Il faudra pour cela que le contact entre des hommes de pensée et de cœur de ces deux démocraties soit plus fréquent. Toutes les révolutions ne se font pas sur le même modèle : si quelques phénomènes de la Révolution russe nous étonnent, pénétrons-nous bien de cette idée que nous nous trouvons en présence d’un grand peuple qui cherche sa voie vers une organisation démocratique libre, parmi les ruines d’un régime qui s’est écroulé de vétusté, et qu’une pareille recherche ne peut être exempte de tâtonnements.

j. tchernoff

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