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LA REVUE DE PARIS

nouveaux. Toute nation américaine qui sait régler décemment chez elle les questions politiques et économiques, maintenir l’ordre et remplir ses obligations financières, ne peut avoir aucune crainte. Mais des troubles ininterrompus, et le relâchement des liens qui doivent exister dans une société humaine peuvent exiger l’intervention d’une nation civilisée ; dans l’hémisphère occidental, les États-Unis ne peuvent délaisser ce devoir. »

Il eut peu après l’occasion d’agir comme il avait dit. La négligence invétérée de la République Dominicaine à rembourser ses dettes ayant provoqué des réclamations, le secrétaire d’État américain avisa le gouvernement de la République que, si les mesures nécessaires n’étaient pas prises pour satisfaire à ces demandes, les États-Unis, voulant éviter toute démonstration navale d’une puissance européenne, prendraient possession des douanes dominicaines et les administreraient dans l’intérêt des créanciers de la République.

Avec sa franchise habituelle, M. Roosevelt n’avait jamais caché qu’il désirait être réélu pour un nouveau terme de quatre années, et qu’il entendait demander à son parti de le choisir comme candidat en 1904. Les politiciens avaient tenté, il y a quatre ans, d’arrêter court sa carrière politique ; ils ont, cette fois encore, essayé de l’entraver. Bien qu’il n’ait pas toujours montré à leur égard la rigueur que l’on pouvait attendre, et qu’il ait confié trop souvent des fonctions fédérales à des hommes qui auraient dû en être écartés, son intransigeance sur certaines matières leur faisait désirer son éloignement. Dès le début de 1903, on mettait en avant la candidature du sénateur Marcus A. Hanna, l’ami intime du président Mac Kinley, le président du Comité national républicain aux élections de 1896 et de 1900. On savait Hanna indulgent aux faiblesses ; son caractère d’homme d’affaires et son passé de gros industriel lui assuraient la sympathie des trusts et de tous les protectionnistes, qui comptaient trouver en lui un fidèle allié. C’était pour M. Roosevelt un adversaire dangereux. Cette fois encore, la mort vint renverser les combinaisons : au début de février,