La perfidie veille quand la vengeance s’endort.
Ce sont vos formules d’usage pour me demander un homme et une corde, l’un portant l’autre. Quel est le gros négociant florentin qui excite l’appétit du Saint-Siège ?
Ce n’est point un négociant, mais un patricien.
Ah ! cela s’obtient plus difficilement, et se paye plus cher.
C’est Laurent de Médicis que le pape réclame comme transfuge de sa justice[1].
Bah ! Lorenzino ? Lorenzaccio[a], comme l’appellent les Florentins ? Mais c’est mon parent et mon favori, l’ignorez-vous ?
C’est le rejeton d’une branche ennemie de la vôtre, et dont le poignard, toujours prêt à ouvrir un chemin à la sédition, a trop souvent rencontré le cœur d’un parent et d’un maître.
Allons ! vous raillez, quand vous parlez de poignard à Lorenzino. C’est un éventail qui convient à sa blanche main[2] !
Que Votre Altesse me pardonne si j’insiste. La Cour de Rome s’étonne que la seule grâce qu’ait accordée le duc de Florence à un traître, soit tombée sur un ennemi de Clément VII.
Mais que lui reproche donc si tard le Saint-Père ? Est-ce toujours la mutilation des statues de l’arc de Constantin ? Ces antiquailles sont-elles si précieuses aux Romains qu’ils aient été bien justes de condamner à mort l’écolier qui, dans une nuit d’ivresse et de débauche,
- ↑ La terminaison en ino exprime la familiarité. C’est un diminutif. La terminaison en accio exprime le mépris. C’est une injure. (Note de George Sand.)
- ↑ Cf. Musset, Lorenzaccio, acte I, sc. iv :
SIRE MAURICE
… C’est Lorenzo de Médicis que le pape réclame comme transfuge de sa justice…
LE DUC… Paix ! tu oublies que Lorenzo de Médicis est cousin d’Alexandre…
- ↑ Cf. Musset, Lorenzaccio, ibid. :
LE DUC
… Regardez-moi… ces mains fluettes et maladives, à peine assez fermes pour soutenir un éventail…