Toujours à Venise. Mais, sur mon invitation, il doit rentrer ici mystérieusement et y travailler au prétendu complot que j’ourdis contre Votre Altesse.
En vérité, il viendra !
Aussitôt qu’il sera caché dans cette maison, je le livre à la vengeance de mon maître.
Bon Lorenzino ! Oh ! me défaire de cet ennemi acharné ! — Et ce Benedetto Varchi ?
Voici sa réponse.
« Alexandre, chargé d’iniquités, tombera sous la vengeance publique. Il n’est pas besoin de mon concours. Par état, je répands l’encre et non le sang. » Est-ce qu’il se méfierait de toi ?
Je ne le pense pas. Quand cela serait, il ne tombera pas moins dans mes filets.
Et ce Giovanni della Casa, qui répand, dit-on, dans Florence, des hymnes à la liberté ?
Un exalté, un jeune fou, mais point dangereux, et amant du plaisir avant tout.
Faisons-lui grâce, s’il est libertin, car nous le sommes aussi. Tu le sais, Lorenzino ? (Il regarde autour de l’appartement.) Mais pourquoi ai-je trouvé cette maison vide de femmes ? Il y en a quelquefois aux fenêtres et leur regard enchaîne longtemps celui qui passe dans la rue.
En effet, ma mère fut renommée pour sa beauté. Mais Votre Altesse l’a vue de loin, et la bonne dame ne l’est aujourd’hui que pour sa vertu.
Par saint Cosme ! Il s’agit bien de ta mère ! Elle n’est pas seule ici. Dis-moi, où est ta sœur ?
Ma petite sœur ?
Pourquoi la faire si petite ? Elle a bien quinze ans. Ce n’est pas mon œil exercé qui s’y tromperait.
En vérité, c’est un enfant.