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L’ÉTAT ET LES CHEMINS DE FER[1]


Sommaire : Introduction. – i. Des services publics et des monopoles économiques. – ii. Des chemins de fer comme services publics et comme monopoles économiques. – iii. Des tarifs de chemins de fer. – iv. L’intervention de l’État en matière de chemins de fer.


Il est positif que, pour certains économistes, l’économie politique et sociale est une science qui tient tout entière dans ces quatre mots : Laisser faire, laisser passer. Quelle que soit la question qu’on leur pose, et qu’il s’agisse du travail des enfants et des femmes dans les manufactures ou du régime des colonies, du commerce des blés ou de l’industrie des transports, ils n’y voient jamais qu’une seule et unique solution possible : l’initiative individuelle s’exerçant dans la plénitude de sa liberté. Qu’on parcoure l’article : Chemins de fer, de M. Michel Chevalier, dans le Dictionnaire de l’économie politique, article très remarquable à bien des égards, et demeuré tel quoique écrit depuis près de vingt-cinq ans, on y verra discutés successivement tous les problèmes que soulèvent ces voies de communication, sauf un seul : celui de savoir si ce ne serait point à l’État de les construire et de les exploiter. L’auteur ne semble pas mettre en doute un seul instant que cette tâche n’incombe à des compagnies privées. À un certain moment, il nous parle de l’exploitation des chemins de fer telle qu’elle se faisait en Angleterre, vers 1843 ; il nous apprend que quelques personnes trouvaient cette exploitation

  1. Ce mémoire a été composé dans le courant de 1875, à un moment où la question du rachat des chemins de fer, de nouveau pendante en Suisse à l’heure actuelle, avait été déjà soulevée dans le canton de Vaud, et sur la demande de deux membres du Conseil d’État de Vaud dont un, M. Delarageaz, s’en est autorisé au cours d’une série d’articles publiés par le Nouvelliste Vaudois en octobre 1875. Je m’en suis servi moi-même, depuis lors, comme de texte dans mon cours d’économie politique appliquée en y ajoutant les développements que m’ont fourni divers ouvrages successivement parus et dont les auteurs se mettaient plus ou moins à mon point de vue. Je laisse le morceau tel qu’il fut écrit, me réservant d’analyser les ouvrages dont il s’agit dans une note finale.