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SÉOUL

De toutes les capitales de l’Asie, Séoul (Söoul), résidence de l’Empereur du Daï Han (de la Corée), est peut-être celle qui présente les plus curieux contrastes de vieille civilisation asiatique et de nouveautés occidentales. Elle n’est réellement bien connue des étrangers que depuis l’ouverture de la voie ferrée de 42 kilomètres qui la relie au port de Chemoulpo.

Entourée d’un amphithéâtre de hautes montagnes dont les dernières pentes viennent border les maisons de la banlieue, la capitale coréenne peut être rangée parmi les villes les plus pittoresques du monde : on peut la comparer, comme site, à Téhéran ou à Salzbourg.

Du mont Namsan, qui domine la ville de 300 mètres environ vers le sud, on n’aperçoit tout d’abord qu’une véritable mer de maisons couvrant la plaine circulaire et refluant dans deux courtes vallées ; la teinte uniforme blanc-gris des toits tranche si peu sur celle du paysage environnant qu’on se demande à première vue où peut bien être la ville. L’œil détaille ensuite des milliers de maisonnettes uniformément lilliputiennes, à un seul étage, bâties en argile et en bois, et recouvertes de paille de riz ou de tuiles blanches. Des constructions plus élevées surgissent cependant au milieu de cette agglomération de cases rampantes c’est le quartier des palais impériaux, pâle imitation des palais de Pékin. Apparaissent ensuite quelques bâtiments massifs, très aplatis, analogues aux yamen des mandarins chinois : ce sont les ministères, les demeures des grands personnages, ne différant des maisons privées que par leurs plus larges dimensions.

Chose extraordinaire, on ne distingue dans l’ensemble ni temple, ni pagode ! Un seul toit modestement bariolé, entouré d’une balustrade, a la prétention de représenter une réduction du Temple du Ciel : c’est le sanctuaire réservé à l’Empereur. Le peuple ne peut y pénétrer, défense qui lui semble d’ailleurs fort peu pénible. Le Coréen professe en effet une grande indifférence en matière religieuse ; il oscille, suivant l’âge, entre les rites de Confucius et de Bouddha par une série de nombreuses variantes ; il se soucie fort peu de donner une offrande pour la construction d’un temple qu’il ne fréquenterait pas. C’est en plein air qu’il a l’habitude d’invoquer le vent ou la pluie, le soleil ou le dragon ailé de la lune.