Page:Revue de l'Orient Chrétien, vol. 12, 1907.djvu/65

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Es-tu bien enseveli, ô (mon) fils, ou bien manque-t-il encore quelque petite chose ? Et le jeune homme répondit : C’est bien, ô père, car tu as accompli ce que tu avais annoncé.


9. L’abbé Bésarion dit qu’un homme se retira du monde ayant une femme et aussi une fille catéchumène, mais cependant chrétienne. Il partagea donc ses biens en trois parts. Dans l’intervalle, sa fille étant morte n’étant que catéchumène, le père, pour sa rançon, donna sa part aux pauvres ainsi que celle de sa femme et la sienne propre. Il ne cessait de prier Dieu pour sa fille. Une voix se fit entendre tandis qu’il priait : Ta fille a été baptisée, ne te décourage pas. Il ne voulut pas le croire. La voix invisible dit encore : Creuse son tombeau pour voir si tu la trouveras. Il alla au tombeau, creusa et ne la trouva pas, car elle avait été placée avec les fidèles[1].


10. Un vieillard dit : Voici la voix qui crie à l’homme jusqu’à son dernier souffle : Convertis-toi aujourd’hui.


11. L’abbé Théodote dit : Ne condamne pas le débauché si tu es continent, car tu transgresserais aussi la loi. Celui qui a dit : Tu ne forniqueras pas, a dit aussi : Tu ne jugeras pas.


12. Un possédé[2] du démon vint une fois à Scété et, pendant longtemps, il ne fut pas guéri. L’un des vieillards, pris de compassion, signa le démoniaque et le guérit. Le démon s’irrita et lui dit : Voilà que tu me chasses, je viens chez toi. Le vieillard lui répondit : Viens, cela me fait plaisir. Le vieillard passa douze ans à garder le démon et à le mortifier ; il ne mangeait chaque jour que douze noyaux de dattes. Ensuite le démon s’échappa et le quitta. Le vieillard le voyant partir lui dit : Pourquoi fuis-tu ? reste encore. Le démon lui répondit et lui dit : Dieu te domptera, car lui seul a pouvoir sur toi.


13. On racontait[3] d’un (vieillard) qu’il demeurait en Égypte dans une cellule à une pièce. Un frère et une vierge avaient coutume de venir le voir. Un jour donc, tous deux arrivèrent en même temps près du vieillard. Lorsque le soir fut venu, il déroula une natte et il se coucha au milieu. Le frère, tourmenté, rejoignit la vierge et ils consommèrent le péché. Le vieillard s’en aperçut et ne leur parla pas ; au matin il les congédia sans leur montrer de tristesse. Pendant qu’ils faisaient route, ils se demandèrent

  1. Se trouve, sans être attribué à Bésarion, dans B, p. 765, n. 170 et dans le manuscrit 1596, p. 556 (ROC, 1903, p. 93). Inutile de dire que l’équivalence du baptême et de l’aumône n’est pas admise en théologie. — Jacques d’Édesse (viie siècle) cite ce récit sous le nom de l’évêque Pallade, pour montrer qu’on peut prier pour les hérétiques défunts. Cf. F. Nau, Les canons et les résolutions canoniques de Rabboula… Jacques d’Édesse…, librairie Lethielleux, Paris, 1906, p. 71.
  2. L, fol. 85r. B, p. 603. Paul, 191.
  3. M, 1018, n. 15. Le latin attribue ce récit à Pastor. Paul, 287.