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108 LA REVUE DE L'ART leurs représentants de l'école furent Makart (1840-1884), un maître écla- tant, encore que ses couleurs bitumineuses aient noirci avec le temps, et Gabriel Max (1840) qui se plaît aux sujets fantastiques. Combien d'artistes ne faudrait-il pas citer parmi ceux qui se rattachent directement à l'école de Piloty ou qui s'en inspirèrent : Diez (1837), l'humoriste au dessin hardi, dont le libre coup de pinceau fait souvent penser à Brouwer ou même à Franz Hals ; les peintres d'histoire, Munkacsy (1846-1900) et Brozik (1851) ; Klaus Meyer (1856), dont les intérieurs, habilement éclairés, rappellent ceux de Jean Vermeer van Delft et encore M. Defregger (1835), Tyrolien amoureux du Tyrol, le Grec Gysis 1 (1842-1901), les Polonais Brandt(1841) et Kowalcki de Wierucz (1849)? Combien d'artistes, dans l'Allemagne du centre ou du nord, ne suivirent pas l'impulsion de Munich, comme Gustave Richter (1823-1884), dont le portrait de la reine Louise est devenu popu- laire ; Becker (1820-1900), Ferdinand Keller (1842)? En vingt ans, l'école allemande, dont on admirait l'inspiration, dont on vantait le dessin et la composition, mais à qui l'on refusait toute qualité technique, devint, au contraire, la première école technique du monde et elle apporta tant de conscience allemande à l'exécution de ses oeuvres, qu'elle put sembler un moment avoir perdu toute inspiration. IV Il n'en était rien pourtant. L'école allemande avait terminé son appren- tissage ; dans les différentes phases de son évolution, elle avait, une à une, acquis les qualités dont la réunion donne aux grands artistes la virtuosité qui leur permet d'exprimer leur pensée tout entière et d'être véritablementori- ginaux. Déjà ses futurs maîtres étaient entrés en pleine possession de leurs moyens ; leur succès commençait à s'affirmer et l'on comprenait que l'école de Piloty n'avait servi qu'à préparer les matériaux nécessaires à leur oeuvre. Ces maîtres, Bôcklin, Lenbach, Menzel et Leibl, différaient par le tempérament, les idées et les dons naturels; ils traitaient les sujets les plus divers, mais ils devaient aux efforts de leurs prédécesseurs la même conscience, la même résolution d'unir intimement l'habileté de l'ouvrier avec l'inspiration de l'artiste et la méditation du penseur. 1. Voir sur cet artiste l'étude publiée dans la Revue, t. IX, p. 301.