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158 LA REVUE DE L'ART Les concurrents qui ont répondu à l'appel du comité étaient d'origines différentes et venaient à l'orfèvrerieplus qu'ils n'en sortaient. Successivement, le jury a éliminé tout d'abord la plupart des envois. Certains étaient incomplets, d'autres sans intérêt artistique, simples copies de formes trop connues ; d'autres, enfin, d'une utilisation pénible, par la trop grande profondeur des plats, ou la fragilité des anses, ou d'un nettoyage rendu difficile par des ornementa- tions trop saillantes. Sont enfin restés en ligne quatre projets : Le n° 13 comportait des plats intéressants et d'un grand parti [décoratif, obtenu par un décor d'entrelacs semé d'algues et de coquillages. Malheureusement, à la saucière trop étroite correspondait un légumier trop lourd. Enfin, on-ne. se sentait pas en présence de pièces étudiées en vue d'un métier spécial. Le n° 12 formait un très bon ensemble, bien composé, consciencieux, intelligent, avec la meilleure saucière du concours, le tout trop inspiré cependant du décor antique, et surtout du trésor de Bosco-Reale. Le n° 11 montrait une connaissance certaine du travail d'orfèvrerie. Ses plats, d'un usage facile, d'une forme, simple, présentaient dans leur marli deux sortes d'anses à jour, d'un heureux effet. Le légumier, cylindrique, était surmonté d'un couvercle bien compris et qui en était, peut-être à tort, le principal ornement. La saucière, ingénieuse, avec son renfort entre les deux anses, aurait pu donner quelques mécomptes à l'exécution. Le n° 2, enfin, avait su présenter des objets des plus intéressants, de bonne tenue générale, très joliment et très adroitement décorés d'un arrangement de capucines en relief délicat. Les plats, de contour agréable et de coupe pratique, le légumier facile à exécuter, à entretenir et à utiliser, accompagnaient la saucière, malheureusement trop circulaire, presque un Loi. Au scrutin, le jury a classé ces quatre concurrents de la façon suivante : 1er prix, 1.000 francs, M. Jules Nègre (n° 2) : 2e prix, 500 francs, M. G. de Ribeaucourt(n° 11) : 3° prix, 300 francs, M. Gilbert Péjac (n° 12) ; 4e prix, 200 francs, MM. Louis Bouché et Louis Leautain (n° 13). En résumé, ainsi que nous l'avons constaté plus haut, peu de concurrents con- naissaient bien la technique de l'orfèvrerie, et surtout de l'orfèvrerie d'argent. La souplesse de ce métal, la facilité avec laquelle il se travaille et se soude, sa couleur et le degré d'oxydation qu'il peut prendre et qui doit compter dans l'étude du décor à y adapter, sont ignorés de la plupart. De même, parce que l'argent se fond, on semble penser que beaucoup de pièces peuvent être fondues, alors que ce procédé doit être réservé à l'accessoire seul du décor, les formes pouvant toutes se réaliser au marteau, et le décor se repousser dans le métal même. C'est le grand mérite de M. Jules Nègre d'avoir utilisé ces conditions essentielles, sans préjudice des qualités d'art et de pratique qui lui sont communes avec nombre de ses concurrents. Louis BONNIER