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428 LA REVUE DE L'ART sorte de sa cachette en original ou en effigie. L'histoire de l'art a ses biblio- thèques, composées d'exemplaires uniques ou d'imprimés courants. Ce sont les collections publiques, expositions permanentes ; les expositions, collections passagères ; enfin, les recueils photographiques, collections portatives et expositions circulantes. Le concours de ces divers moyens d'information et de comparaison, dont certains sont des progrès récents, peut accélérer de façon nouvelle et vraiment moderne le travail de l'histoire. La meilleure preuve en a été donnée par l'Exposition des primitifs français, cette contemporaine des triomphes de l'automobilisme français. La course aux conclusions a pu sembler trop rapide. Mais la part faite de ce qui est resté en route, voyez le chemin parcouru et le but conquis! Les faits accumulés par un travail lent et obscur sont rassemblés tout à coup en un faisceau écla- tant ; le Louvre, pour prix de son concours, est enrichi rapidement d'oeuvres capitales ; la réunion des tableaux et des miniatures, dispersés après quelques semaines, est perpétuée par des publications monumen- tales ; un groupe d'artistes, connus à peine de quelques érudits, entre dans le rayon lumineux de la postérité. Les routes d'Espagne ne se prêtent point à de telles vitesses. De vastes régions de l'art ancien y sont encore privées de tous travaux d'accès. Parmi les cités historiques de l'Andalousie, Séville est la seule qui ait trouvé de nos jours un érudit, — Don José Gestoso y Pérez, — pour tirer des archives les noms de quelques peintres antérieurs au xvnc siècle '. La plupart des tableaux qui restent dans les églises des deux Castilles, ou qui ont été relégués dans les sacristies, y sont encore presque aussi inconnus qu'ils l'étaient du temps de Goya. Rien de plus inédit que les primitifs de la cathédrale de Burgos, panneaux d'un retable con- temporain de la prise de Grenade, où l'on voit un des Rois Mages, — le nègre, — porter au côté la plus authentique des « épées de Boabdil ». La suppression des monastères, en 1835, a bien été suivie d'un premier essai de centralisation des oeuvres d'art ancien. Le romantisme, en Espagne 1. Voir les notes réunies au mot pinlor dans le recueil intitulé : Ensayo de un Dicionario de los artifices que florieron en esta ciudad de Sevilla desde el siglo XIII hasta el XVIII (Séville, 1900); et les trois volumes de louvrage : Sevilla monumental y artistica (Séville, 1S89-1902). On trouvera des indications nettes et intéressantes dans l'essai de 1). N. Sentenach, la Pintura en Sevilla (Séville, 1885).