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434 LA REVUE DE L'ART corporations et les collectionneurs mêmes, qui commençaientà rechercher pour leurs galeries des peintures à fond d'or. Près des tableaux « go- thiques », une série retenait l'attention par son étrangeté barbare : c'étaient les peintures «romanes », les tablas romanicas, venues de Vieil. La petite ville pyrénéenne, où se ravivait la flamme du patriotisme catalan, n'avait pas moins fait que la grande cité maritime pour l'an- cien art « national ». A peine la première exposition rétrospective de Barcelone était-elle fermée, qu'en 1868, Vich en ouvrait, une seconde. Dans la génération qui suivit, un prélat opulent et impérieux, D. José Morgades y Gili, s'occupa de rassembler à Vich un trésor d'art ancien, en dépouillant, pour le plus grand profit de l'histoire, les églises de son diocèse et de quelques diocèses voisins. Les prémices de la collection furent exposées à Barcelone en 1888. Le 7 juillet 1891, le musée archéolo- gique et artistique de Vich était inauguré dans une dépendance du palais épiscopal ; là, quatre mille objets d'art, réunis en quelques années, for- maient un ensemble dont un syndicat d'antiquaires eût offert plus d'un million. L'évêque qui avait improvisé ce musée sut trouver, pour ache- ver et continuer son oeuvre, un organisateur et un conservateur digne de lui. Ce fut un jeune prêtre. Mosén José Oudiol, qui, après avoir rédigé en trois mois un catalogue de 550 pages (publié à Vich en 1893) et avoir entrepris un manuel d'archéologie catalane', aborda l'étude des archives ecclésiastiques de Vich. Les découvertes qu'il y a faites ont accru déjà l'importance historique d'une collection, où des panneaux, peints depuis le xi° siècle jusqu'au xve, forment une série absolument unique dans toute l'Europe occidentale. L'initiative de l'évêque de Vich provoqua une émulation féconde. Manresa, Lérida, Solsona, voulurent avoir leur petit musée épiscopal, et celui de Manresa, tout au moins, réunit quelques panneaux dignes d'étude autour du merveilleux devant d'autel, brodé dans la première moitié du xve siècle par le Florentin Geri di Lapo. A Barcelone même, une place fut faite dans les musées des beaux-arts, qui occupaient l'un des palais de l'Exposition de 1888, pour une suite de tableaux anciens, dont quelques- uns remontaient, comme les tablas de Vich, au xie et au xnc siècle. Ils furent exposés dans deux salles jumelles qui dépendent, l'une du musée 1. Ce manuel a été publié en 1902.