Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/548

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LES GRANDS CHAMPS DE FOUILLES DE L'ORIENT GREC EN 1905 151 lignes convergentes et divergentes par où la symétrie devient plus sensible à l'oeil. Les Cretois ont adopté une solution 1res différente. La symétrie qu'ils recherchent ne consiste que dans un équilibre des masses : par exemple, dans le vase de Phaestos, deux groupes de personnages répartis autour d'un groupe central ; dans un des gobelets de Va ph i o. un taureau pris dans un filet entre deux taureaux fonçant; mais, cela fait, ils tâchent à détruire, par le contraste des lignes, ce qu'elle aurait de trop géomé- trique. Ils établissent ainsi une composition très fortement balancée, mais qui garde cependant une apparence libre et irrégulière, parce que la symétrie s'y dissimule avec le même soin qu'elle met à se montrer sur les PROCESSION AGRAIRE. Fragment de la décoration d'un vase en stéalite, trouvé à Phaeslos. vases du Dipylon ou aux frontons d'Égine. Et l'on voit très nettement que, par là, les artistes « minoens » se distinguent de tous les artistes antiques et qu'ils se rapprochent au contraire des plus modernes d'entre les nôtres. Considérons, d'autre part, la manière dont cette composition est reportée sur le plan qui lui sert de fond. Je ne parle pas ici du décor, palais ou paysage, qui se rencontre exceptionnellement chez les Égyptiens, n'apparaît en Grèce qu'à l'époque hellénistique, et dont les oeuvres Cre- toises — gobelets de Vaphio, fresques de Cnossos — usent au contraire de la façon la plus hardie et la plus pittoresque. Il s'agit du relief, pris en lui-même, comme un moyen déterminé d'expression artistique. Tel qu'il est conçu et réalisé par les Crétois, il est presque sans analogie avec celui des Orientaux et des Grecs. Pour les Orientaux, il n'a jamais été que