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MÉMOIRE SUR LA CORÉE[1].


Origine des Coréens issus de race mongole. — Division par castes. — Agriculture. — Industrie. — Ginseng. — Cornes de cerf. — Fourrures. — Commerce avec la Chine et avec le Japon. — Despotisme et faiblesse du gouvernement. — Costume des Coréens. — Leurs maisons. — Leur nourriture. — Forêts. — Animaux. — Médecine. — Mœurs. — Langue. — Écriture. — Imprimerie. — Religion.




Si les nombreux voyages de circumnavigation entrepris depuis près d’un siècle par les grandes puissances maritimes nous permettent de poser en fait qu’il ne reste plus de terres à découvrir dans les climats habitables, il n’est pas moins vrai de dire que des pays inscrits sur nos cartes depuis quatre siècles nous sont tout aussi inconnus maintenant, qu’ils l’étaient avant leur découverte, sauf le tracé de quelques côtes explorées à la hâte par un petit nombre de navigateurs.

Sans parler des îles immenses, mieux appelées continents, que l’on pourrait citer à l’appui de cette assertion, nous en trouvons une preuve bien frappante dans la presqu’île de Corée, vaste royaume situé, comme on le sait, entre la Chine et le Japon.

Découverte par les Hollandais dans les premières années du xvie siècle, la Corée n’attira jamais l’attention des Européens, soit parce qu’elle ne leur offrait pas des marchés aussi lucratifs que les contrées voisines, soit parce que le gouvernement coréen a toujours été plus exclusif à l’égard des étrangers que ne le sont les Chinois et les Japonais eux-mêmes.

Sous l’illustre empereur de Chine Kang-Hi, un des géographes européens employés à la construction de la carte générale de l’empire chinois s’avança jusqu’en Corée, afin d’y déterminer la position de quelques points principaux ; mais ayant été forcé de se retirer promptement, son voyage n’ajouta presque rien aux connaissances que l’on avait déjà sur la nature de ce pays et du peuple qui l’habite.

Quelques mémoires ont été publiés en hollandais par des voyageurs qui, jetés par la tempête sur les côtes de Corée, y avaient été retenus en esclavage pendant un temps assez considérable. Mais ces données, restreintes au cercle étroit dans lequel leurs auteurs s’étaient trouvés placés, nous apprennent peu de chose sur l’état général de ces contrées lointaines.

Ce n’est réellement que depuis une dizaine d’années qu’il a été possible à un petit nombre d’Européens engagés dans la carrière des missions catho-

  1. Ce mémoire a été adressé par son auteur à M. le ministre de l’instruction publique.