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observation vraie de faits partiels, et inexactes, parce qu’elles confondent le détail avec l’ensemble. Le Bouddhisme est, en effet, la religion qui a le plus vécu, celle dont le développement a été le plus étendu, celle dont les doctrines ont évolué, pendant près de cinq siècles, de la façon la plus absolue, si j’ose m’exprimer ainsi. On ne peut comprendre le Bouddhisme qu’en étudiant son histoire.

Il faut tout d’abord partir de ce fait incontestable, que le Bouddhisme est essentiellement une religion indienne. Son fondateur, ses premiers adeptes, ne prétendaient point établir un culte nouveau. Ils ne voulaient même pas réformer les vieilles doctrines. Ils se préoccupaient uniquement de trouver la méthode la meilleure pour atteindre le but normal de la vie. L’expérience leur avait appris l’inutilité des mortifications, des prières et des sacrifices ; l’observation leur montra l’égalité naturelle des hommes et les vices de l’organisation sociale. Il leur sembla que la vie ordinaire était incompatible avec la connaissance de la vérité ; ils se dirent que la vérité était accessible seulement à ceux qui, dégagés des préoccupations quotidiennes de l’existence, pouvaient s’absorber dans la méditation subjective. Le but de la vie, la vérité, la voie du salut, fut uniquement à leurs yeux le moyen d’échapper à la renaissance.

Depuis l’époque lointaine où les pasteurs qui chantaient les hymnes du Ṛgvêda, étaient descendus dans les plaines de l’Indus ; depuis les jours heureux où, installés enfin dans la région fertile des cinq fleuves (Pandjâb), ils s’avançaient peu à peu vers la Narmadâ et la Krchṇâ, le culte brahmanique s’était rapidement développé avec son im-