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par suite de la personnalité, et rien de plus, puisque la vie n’est qu’une illusion, qu’une apparence, qu’une manifestation partielle de la substance dont l’existence est un fait palpable. Mais, que la substance existe ou non après l’évanouissement de notre personnalité, que nous importe ? Nous ne serons plus sujets à la douleur, au mal, au bien, au joug effrayant de la vie ; les éléments qui composent notre individualité, détachés enfin les uns des autres, entreront dans le repos absolu ou iront isolément reformer d’autres êtres ; mais nous n’avons point à nous en préoccuper, nous qui ne devons espérer qu’à l’ineffable bonheur de l’effacement infini.

Le nirvâṇa, c’est ce que les çivaïstes appellent le mukti « détachement » ; les Djâinas le désignent sous les noms de môkcha « délivrance », ou de gati « but suprême » ; dans d’autres langues de l’Inde, on lui donne encore les noms de « profit, gain, demeure par excellence ». Les doctrines des Djâinas sont, à ce point de vue, identiques à celles des Bouddhistes ; ils attribuent la révélation de la vérité à un arhat nommé Mahâvîra, fils d’un roi Siddhârtha, qui, le jour où il arriva à la certitude, devint, non plus Bouddha. « le sage », mais le « vainqueur » Djina, mot d’où dérive le nom de la secte.

La pure doctrine bouddhiste est exposée, suivant ses adeptes, dans les livres sacrés dont l’ensemble constitue « la triple corbeille », tripiṭaka, c’est-à-dire les paroles du Bouddha, les codes de discipline, les traités de philosophie. La religion comprend d’ailleurs trois choses essentielles, qu’on nomme « les trois pierres précieuses », triratna : le Bouddha, la loi et l’assemblée ; les catholiques diraient : Dieu, le catéchisme et l’église.