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particulièrement honorés, Mandjuçri « le glorieux charme », personnification de la sagesse, et Avalôkitêçvara « le Seigneur qui regarde d’en haut », personnification de la force ; c’est ce dernier qui est devenu, plus tard, le Gâutama ou Siddhârtha de l’histoire.

Jusqu’ici, la doctrine n’est point essentiellement altérée ; il n’y a point d’être qui échappe à la renaissance, il n’y a point de personnalité consciente et immatérielle. Le triple monde, inférieur, terrestre et supérieur, n’est toujours qu’une manifestation locale de la substance ; les dieux sont des êtres privilégiés qui jouissent d’un bonheur enviable, mais leur existence est limitée et ils ne perpétuent leurs noms que sous des personnalités différentes, car tous les bons peuvent devenir Kuvêra, Kâma, Agni, Indra lui-même, comme tous les mauvais devront prendre la forme horrible des cruels habitants de l’enfer. Mais le nirvâṇa, auquel tous aspirent, n’est pas à la portée de tous ; les religieux seuls y arriveront ; les laïques doivent se borner à pratiquer la vertu, pour obtenir des renaissances de plus en plus agréables.

Julien VINSON.
(À suivre.)