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signe 𐎀𐎂 qui, en assyrien, signifie « Dieu » et se prononce ilu. Dès lors on pourrait peut-être lire dans une transcription assyrienne le mot duba ’il comme on dit arba ’il ; mais cette transcription n’est pas assyrienne et cette lecture est impossible en médo-scythique, car le signe 𐎀𐎂 a sans doute dans ces textes la même valeur idéographique qu’en assyrien, mais alors il se prononce annap et non pas ilu. Nous croyons donc pouvoir encore considérer le signe 𐎆𐎂 comme un emprunt fait au syllabaire assyrien et lui maintenir la valeur qu’il possède dans ces textes.

En résumé, nous ne connaissons qu’un nombre restreint des inscriptions perses ; elles paraissent toutes empreintes du même esprit, elles sont pour ainsi dire coulées dans le même moule ; aussi, nous n’hésitons pas à affirmer que les documents que nous possédons sur l’ère des Achéménides sont insuffisants pour nous prononcer définitivement sur la nature, l’origine et les ressources de leur système graphique.

Les caractères que nous venons d’analyser apparaissent rarement dans les textes ; mais ils suffisent pour nous montrer que les signes anariens peuvent passer, en s’altérant, il est vrai, dans les textes ariens. Tout nous fait présumer que, si les inscriptions ariennes étaient plus nombreuses, elles nous feraient connaître de nouveaux emprunts au syllabaire anarien ; aussi, en présence de ces faits, il est permis de se demander si l’écriture arienne, dont on ignore encore l’origine, ne serait pas elle-même une transformation du syllabaire assyrien ? Mais c’est une question que nous nous contentons de poser ici et qui a besoin pour être discutée, sans pouvoir peu1>-être la résoudre encore, de développements dans lesquels nous ne pouvons entrer aujourd’hui.

J. Ménant.