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réserves sur l’interprétation que l’on propose d’Eckart et de Tauler.

Quoi qu’il en soit, cette traduction rendra des services, non pas tant au public lettré, capable de lire au moins la version de Surius, qu’au public religieux qui trouvera dans l’œuvre de Tauler une source très féconde de vie spirituelle. Le célèbre mystique a écrit d’admirables pages.

L’Œuvre Scientifique de Blaise Pascal, bibliographie critique et analyse de tous les travaux qui s’y rapportent, par Albert Maire, bibliothécaire à la Sorbonne. Préface par Pierre Duhem, professeur à l’Université de Bordeaux, correspondant de l’Institut, 1 vol. in-8 de xxx-184 p., Paris, Hermann. — L’intérêt des travaux mathématiques et physiques de Blaise Pascal pour l’histoire de la science comme pour l’intelligence de la pensée pascalienne, justifie amplement l’effort considérable de M. Maire pour réunir les titres exacts, et caractériser à l’occasion la portée de toutes les publications qui reproduisent le texte, élucident le contenu, poursuivent le développement des traités de Pascal. Dans une solide préface, M. Duhem montre quel secours une bibliographie consciencieuse et qui se propose d’être exhaustive peut fournir à l’élaboration de cette histoire des sciences a laquelle M. Duhem a contribué plus que personne. Si minutieux donc que soit le bibliographe, on ne lui reprochera jamais d’être trop minutieux : si loin qu’il recherche la trace de l’influence de son auteur, ou même la simple mention de son nom, on ne lui reprochera jamais de vouloir être trop complet. Par contre, on lui signalera ce qui pourrait paraitre omission ou erreur. Ainsi, comme le rappelle encore M. Adam dans sa récente Vie de Descartes, c’est à Étienne Pascal qu’il convient de rapporter l’invention du limaçon : les travaux relatifs au limaçon devraient donc figurer dans la rubrique que M. Maire a réservée au père de Pascal. De même M. Maire, signalant les divers ouvrages qui traitent des relations de Descartes et de Pascal, aurait dû semble-t-il, ne pas négliger les pages de M. Janssens au début de la Philosophie et l’Apologétique de Pascal.

Malebranche, par J. Martin, 1 vol. in-16, de 64 p. Paris, Bloud, 1912. – M. J. Martin a usé d’une méthode ingénieuse et que suggère d’ailleurs l’irrésistible attrait du style de Malebranche : il a publié une suite d’extraits de Malebranche en insistant surtout sur les questions théologiques : Dieu, la Providence, l’Optimisme, et en y rattachant les problèmes relatifs à l’existence des corps et la liberté. Cela serait entièrement louable si M. J. Martin n’avait introduit dans cette étude historique des considérations dogmatiques empruntées à Bossuet, et que leur brièveté rend plus tranchantes que convaincantes ou équitables. Ce n’est pas manifester la meilleure disposition pour entrer à fond dans la pensée de Malebranche que d’écrire, dans la courte Préface de ces extraits, des phrases comme celles-ci : « Ce qui empêche Malebranche de se tenir au niveau de saint Augustin et même de Bossuet, c’est un attachement à des théories, ou incertaines, ou gratuites, ou fausses. Bossuet, parlant de Descartes, pouvait dire : pour le pur philosophique, j’en fais bon marché. Malebranche n’a pas assez de détachement ; et que le pur philosophique vienne de lui ou de Descartes, il lui inspire une trop absolue conviction. »

Léon Ollé-Laprune, l’Homme et le Penseur, par Georges Fonsegrive, 1 vol. in-16, 64 p., Paris, Bloud, 1912. — Dans cette courte monographie M. Fonsegrive a voulu surtout donner une idée de la place qu’Ollé-Laprune a occupée dans le monde universitaire et académique d’une part, dans le monde catholique de l’autre : il y a réussi d’une manière élégante et discrète. On aurait désiré toutefois que M. Fonsegrive se fût efforcé d’entrer davantage à l’intérieur de la doctrine et qu’il eût essayé d’en exprimer la substance philosophique. D’autant que M. Fonsegrive accuse les membres les plus autorisés de l’Académie des Sciences morales et politiques d’avoir fait un procès de tendance à la candidature d’Ollé-Laprune : il eût été bon de savoir si cette accusation pouvait être appuyée par quelque analyse suffisamment profonde et suffisamment précise pour faire ressortir la valeur philosophique de l’œuvre.

Der Sinn und Wert des Lebens, par Rudoff Eucken. 3e éd. augmentée et revue, 9e-12e mille. 1 vol. in-8 de v-183 p., Leipzig, Quelle et Meyer, 1911. — Dans ce livre qui, pour beaucoup de lecteurs de la Revue n’est plus nouveau, Eucken montrait le sens et la valeur de l’existence, la possibilité de raffermir en quelque sorte la vie et de rajeunir la culture, et posait les conditions de cette renaissance. Dans la seconde édition il s’était efforcé de préciser les degrés et les contrastes du mouvement immanent à notre vie, de donner à son œuvre un caractère toujours plus intime et plus concret et en même temps plus accessible et plus populaire. La troisième édi-