Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 4, 1914.djvu/16

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ses doctrines logiques et, par voie de conséquence, à ses théories psychologiques, éthiques et esthétiques. C’est avec le plus grand profit qu’on étudiera aujourd’hui même cette Wissenschaftslehre (notamment l’introduction, les §§ 19 à 33 sur l’existence des vérités en soi, les §§ 34 à 43 sur la connaissance de la vérité, les §§ 18 à 90 sur les « représentations en soi ») : la lecture en pourra suggérer aussi bien des études intéressantes sur des points spéciaux d’histoire de la logique. On attendra donc avec beaucoup de sympathie la publication, annoncée comme prochaine des autres volumes de la Wissenschaftslehre et des Paradoxes de l’Infini de Bernard Bolzano.

Die realistische Weltansicht und die Lehre vom Raume, par E. Study. 1 vol. in-8, de 145 p., Braunschweig, Vieweg, 1914. — Ce livre est consacré à la défense de la conception « réaliste » de l’espace. L’auteur estime que lb question de la nature de l’espace est ein naturwissenschafliches Problem, qu’elle ne saurait donc être résolue comme le voulait Kant, par la raison pure. L’auteur considérant en même temps le problème de l’espace comme une question de théorie de la connaissance, il résulte évidemment de la juxtaposition de ces deux thèses que les problèmes de théorie de la connaissance sont également pour lui des questions de « sciences naturelles ». Le réalisme a été, pense M. Study, la conception implicite ou explicite de tous les grands savants, et il s’agit donc de le défendre contre les attaques des idéalistes, des positivistes et des pragmatistes, non sans critiquer en elles-mêmes et avec la vivacité qui convient les folles conceptions des adversaires du réalisme. Cette partie « anticritique » est suivie d’une théorie positive de l’espace pour laquelle les seuls instruments de recherche, comme dans la science de la nature en général, sont l’expérience et les hypothèses. De toutes les hypothèses, seule la plus ancienne, celle d’Euclide a une importance pratique ; mais l’auteur estime néanmoins que l’on doit accorder la même valeur de connaissance à certaines des hypothèses plus récentes, à celles de la géométrie non-euclidienne.

Ce livre, écrit par un mathématicien, parfois avec une certaine inexpérience philosophique, n’en est que plus intéressant ; car il nous permet de juger de la manière dont sont comprises ou non comprises les grandes théories philosophiques par ceux qui ont consacré leur temps à d’autres disciplines. On y trouvera aussi des remarques ou des suggestions notables sur la valeur-pratique du réalisme (p. 17 et suiv.), sur le pragmatisme (p. 43 et suiv.), sur la géométrie naturelle (ch. iii), l’analyse (p. 91), la formation progressive des hypothèses en géométrie p. 93 et suiv.), les axiomes géométriques (ch. x). Mais on regrettera d’y rencontrer des jugements d’une sévérité ou d’une ironie assez déplaisantes sur des philosophes comme Natorp (p. 16), Hermann Cohen (p. 29 et suiv.), Kant et les Kantiens (p. 31, 34), etc. Non pas que ces. critiques acerbes et souvent injustes nous offusquent comme des crimes de lèse-majesté philosophique ; mais faut pourtant que les savants comprennent, lorsqu’ils abordent les problèmes de la philosophie, qu’ils se trouvent en présence d’un vocabulaire, de méthodes et en un mot d’une tradition qu’il leur faut accepter sous peine de n’être ni intelligents ni intelligibles : vocabulaire, méthodes et tradition propres à la philosophie, mais exactement comparables à ce qui constitue n’importe quelle discipline scientifique comme telle, et dont il n’est pas plus possible de s’affranchir ou légitime de se moquer que du vocabulaire, des méthodes et de la tradition de la science mathématique, ou botanique, ou paléontologique.

Die Stellung des Alfred von Sareshel (Alfredus Anglicus) und seiner Schrift « De motu cordis » in der Wissenschaft des beginnenden XII. Jahrhunderts, par Clemens Baeumker. 1 vol, in-8, de 64 p. (Sitzungsb. d. Kônigl. Bayerischen Akad. d. Wiss. Philos. philol. u. Inst. Klasse. Jahrg. 1913, 9. Abth.), München – Alfred de Sareshel était déjà connu par la publication partielle que C.-S. Barach avait donnée de son De motu cordis et par l’étude historique dont il avait accompagné cette publication. Malheureusement, le texte tronqué de Barach est en outre rempli d’incertitudes, et les réflexions que ce mauvais texte lui a suggérées n’en sont naturellement pas moins remplies. Avec une inlassable patience Cl. Baeumker corrige les plus graves de ces erreurs et, grâce à une habile utilisation des résultats les plus récents acquis par l’histoire des philosophies médiévales, il restitue au traité de Sareshel sa place exacte et sa véritable signification. Une argumentation historique, que l’on peut considérer sans exagération comme un modèle du genre, établit qu’Alfred de Sareshel prend place parmi les philosophes du. moyen âge dont la pensée n’a pas eu une orientation spécifiquement théologique ; sous l’influence de la science gréco-arabe et de