Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 6, 1907.djvu/27

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valeur métaphysique des universaux, par M. W. Sheldon. Les universaux ne sont pas de pures entités ; ils sont engagés intimement dans l’individuel ; il y a, entre l’universel et le particulier, une différence non d’actualité, mais de « fonction » ; cette fonction est de définir les relations entre les choses, mais ces relations sont réelles, et l’universel est, de ce chef, tout aussi concret que l’individuel.

N° 3. Numéro principalement consacré à la défense et à la critique du pragmatisme. La vérité et la pratique, par M. A.-E. Taylor. – L’auteur s’efforce d’apporter le rameau d’olivier dans la bataille engagée entre E.-A. Bradley, W. James et Schiller. Mais, en fait, il est principalement dirigé contre le pragmatisme au nom de la logistique. Seule, d’après l’auteur, la logique peut déterminer la différence de signification des attributs vrai et utile ; la psychologie n’a la parole que pour déterminer comment nous sommes amenés à assigner l’un de ces prédicats à un objet ou à une classe d’objets. Or, la légitimité du vrai est une quæstio juris, non facti ; le vrai a un droit à être reconnu, lors même qu’aucun esprit ne le reconnaît, lors même qu’il ne répond ni à un désir ni à un besoin humain, individuel ou social. — Le Pragmatisme et ses critiques, par M. A.-W. Moore. Exposé du débat entre les pragmatistes et les absolutistes. Ces derniers n’ont jamais abordé de face le reproche fondamental que leur adresse le pragmatisme, à savoir que l’absolutisme ne met pas d’accord sa conception logique du vrai (l’accord avec le réel) avec sa conception métaphysique du réel (un système d’idées immuables, selon les uns ; un plan défini, suivant les autres), lacune qui laisse inexplicable l’erreur et la relativité du vrai. — M. H.-A. Overstreet, L’intégralité (completeness) conceptuelle et la vérité abstraite. Savoir, c’est connaître par concepts, mais il n’est pas nécessaire d’avoir atteint les concepts les plus généraux pour atteindre le vrai, qui est impliqué jusque dans les concepts partiels.

N° 4. Le développement de la philosophie au xixe siècle, par M. G.-T. Ladd. — Intéressante conférence faite au congrès des savants de Saint-Louis. C’est Kant qui a posé les trois problèmes que le siècle dernier s’est proposé de résoudre : théorie de la science, problème de l’être, problème éthico religieux. Deux courants se sont dès lors dessinés : l’un, sceptique et positiviste, a révisé impitoyablement les concepts religieux et métaphysique ; l’autre, à la fois idéaliste et positif, a entrepris la solution des trois problèmes avec les ressources de la science moderne. En définitive, la philosophie n’a pas piétiné sur place, et le xxe siècle resserrera encore l’union du savoir et de la spéculation. — La philosophie en France, par André Lalande. Une partie de cet article n’apprendra rien aux Français, mais sera fort utile pour faire connaître hors de France l’organisation de notre enseignement philosophique, l’activité des revues philosophiques (Revue de Métaphysique et de Morale et Année sociologique) auxquelles correspondent, sinon des écoles, du moins des groupements de tendances. La renaissance du positivisme, — d’un positivisme d’ailleurs complètement indépendant de l’église philosophique comtiste, — semble à M. Lalande l’événement le plus saillant des dernières années. Il y joint le développement du « rationaliste métaphysique », dont la Revue de Métaphysique et de Morale est le centre, celui du « positivisme nouveau » qui confine au mysticisme avec M. Bergson, au fidéisme avec MM. Leroy et Wilbois. De là, il passe aux travaux psychologiques, qui, suivant une tradition bien française, font une large part à la pathologie, signale le débat entre MM. Lévy-Brühl et Rauh, les conférences de l’École de morale, le renouveau de la Logistique, enfin le retour des savants spécialisés, Poincaré, Houssaye, Le Dantec, etc., à la spéculation philosophique. L’article s’achève par un résumé des travaux du congrès de Genève. — Traité de l’infini créé, traduction anglaise, par M. Norman Smith, du traité attribué faussement à Malebranche et qui semble être de l’abbé Terrasson.

N° 5. La méthode d’une métaphysique de la morale, par M. W. R. Sorley. — Toute métaphysique, comme l’a bien vu Hegel, doit aboutir à une morale, mais à condition de traiter cette dernière non comme une description historique de faits intérieurs, mais comme une expérience interne, comme une finalité vécue du dedans. La conscience prononce des jugements de valeur, que la métaphysique interprète et condamne. — Les vues philosophiques d’Ernest Mach, par M. Erich Becher. Résumé des idées de Mach sur la cause, la substance, et l’impossibilité d’une métaphysique dogmatique. — Les moments de la discussion de l’éthique évolutionniste, par M. T. de Laguna. L’auteur en compte cinq : 1°. L’Évolution est-elle exclusive de la morale ? — 2°. Fournit-elle à la morale un critérium ? — 3°. Les questions morales peuvent-elles être résolues du point de vue de l’évolution organique ? — 4°. L’évolution sociale et morale a-t-elle un caractère spécifique (discussion de Weissmann) ? — 5°. Les questions morales