Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 6, 1910.djvu/26

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considérable sur la chimie physique. Nous ne saurions entrer dans les détails ; indiquons une application. Supposons qu’on veuille déterminer l’acidité ou l’alcalinité du sérum sanguin ou de l’urine. « Le simple titrage chimique ne nous conduit pas au but, parce que, pendant l’opération, l’état d’équilibre existant se détruit continuellement de telle sorte qu’il nous fait connaître l’acidité ou l’alcalinité totale existant en puissance, tandis que ce qui nous intéresserait, ce serait de connaître la quantité actuelle qui existe effectivement à un moment donné. » Ici interviennent les mesures électrolytiques. En terminant, l’auteur reconnaît qu’il reste de grands progrès à faire encore pour la chimie physique, mais que déjà elle est devenue l’auxiliaire indispensable des Sciences de la Vie.

E. Rignano : La mémoire biologique en énergétique. Cet article est divisé en deux parties ; dans la première M. Rignano développe une théorie qui lui est personnelle : l’hypothèse centro-épigénétique du développement ; cette partie du travail de l’auteur est trop spéciale pour être exposée ici. La deuxième partie, intitulée l’énergie nerveuse et sa propriété mnémonique, pourra intéresser le public philosophique. Les théories énergético-biologiques qu’expose M. Rignano et qui contiennent sans doute une part de vérité, restent hypothétiques encore sur bien des points, et le langage scolastique de l’auteur n’est pas fait pour rassurer le lecteur. Toute substance vivante est douée de la « faculté mnémonique ». Les éléments potentiels spécifiques nous apparaissent comme des éléments mnémoniques vrais et propres ; et ils se révèlent comme le substratum bien défini de toutes les manifestations mnémoniques présentées par la matière organisée. » L’auteur cherche à établir des analogies entre l’énergie électrique et l’énergie nerveuse, et veut trouver dans cette dernière un facteur capacité et un facteur intensité. La spécificité correspondrait à la capacité, etc. Nous ne suivrons pas l’auteur dans son exposé où, invoquant l’autorité d’Ostwald, il cherche à introduire les concepts énergétiques dans le domaine biologique. Observons seulement que l’on peut reprocher à l’auteur l’abus des raisonnements abstraits et un usage immodéré du vocabulaire énergétique. Mais il semble que la théorie qui considère le phénomène auquel on donne la dénomination subjective de mémoire comme une propriété de la matière vivante, mérite de retenir l’attention des philosophes.

Jespersen : L’origine des espèces linguistiques. « Lorsqu’il y a un demi-siècle parut l’Origine des espèces de Darwin, Schleicher fut en droit de déclarer que les savants qui s’étaient consacrés à l’étude du langage, avaient été darwiniens avant Darwin… et que la théorie de l’évolution avait été prouvée en ce qui concerne les langues. » La plupart des philologues diront que les petites variations







suffisent à expliquer la diversité des 3 langues. Mais il y a cependant, et cela t depuis l’année 1886, une sorte de théorie i des mutations du tangage (Haie the origin of languages, dans V American Ass. for Aduancement of Science, XXXV), Les faits t étudiés concernent des idiomes créés spontanément par de jeunes— enfants (en e général des jumeaux) élevés dans une sorte d’état d’isolement. Le célèbre professeur de Copenhague termine son travail en i recommandant cette théorie des mulax tions linguistiques aux réflexions des 0 philosophes et des psychologues ». t— F. ENHIQUEZ La teoria, dello stato et il <i sistema rappresentatiro Cet important e travail constitue une véritable doctrine e que l’auteur rattache aux principes philoe sophiques fondamentaux et à l’histoire. a 11 étudie d’abord le développement de la s notion de l’ « État » dans les temps e modernes. 11 rattache aux conceptions e philosophiques les diverses conceptions s que l’on s’est faites de « l’État ». « Les e idées que divers penseurs se font des r origines de l’État témoignent de tendances e philosophiques opposées que l’on peut expliquer en se reportant à la question i— débattue dans la scolastique médiévale s entre réalistes et dominalistes. » L’auteur examine ensuite’les formes du gouverneî ment. De la classification tripartite d’As ristote (monarchie, aristocratie et démoe cratie), il ne retient que les deux derr nières divisions Car, le caractère e essentiel de chaque gouvernement ne r réside pas tant dans cette circonstance é que le chef de l’État est héréditaire ou électif, que dans la façon d’interpréter e les institutions politiques et dans la pari, ticipation au pouvoir d’une classe partie culière d’aristocrates ou du peuple. Après s une intéressante critique de la doctrine s aristocratique, M. Enriquez examine la théorie démocratique. « La première exis gence fondamentale d’une démocratie est de créer les organes capables de former 1 et d’expliquer la volonté générale », c’est-’ e à-dire un système représentatif. L’auteur e examine d’abord les origines historiques du régime représentatif, et décrit les s rouages essentiels qui le composent séparation des pouvoirs, organisation des partis, système de scrutin. On sait que