Page:Revue de métaphysique et de morale - 14.djvu/550

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
484
revue de métaphysique et de morale.

soire ou véridique, de ma conscience spontanée. Or, en tant que mon activité à l’étal latent fait partie intégrante du substratum que j’appelle moi et échappe aux prises de mon intelligence, je la reconnais d’ordre métaphysique. Elle se manifeste telle par le caractère d’entière indépendance que, en sortant de l’état latent, elle communique et imprime à son acte en le constituant dans la volition commencement d’action, incompréhensible pour l’intelligence humaine. Or, quand celle-ci prétend expliquer et formuler par un jugement ce qui lui est inaccessible, elle en est avertie par une contradiction impliquée dans ce jugement. Mais, remarque de première importance, elle n’a pas le droit d’en conclure qu’il est sans objet, que son objet n’existe pas.

Je ne demande, certes, pas au lecteur d’accepter d’emblée, sans preuve, ni contrôles empiriques mes précédentes assertions. Loin de là, je me propose de les appuyer dans le chapitre suivant sur un nombre imposant de faits. Mais il faut tout d’abord que je distingue avec précision ce qui est d’ordre purement expérimental de ce qui est d’ordre métaphysique, et je dois montrer que la contradiction accompagne et caractérise toujours les concepts ou les jugements dont l’objet est métaphysique. Cette distinction établie, il me sera facile de réfuter l’objection fondée sur le caractère contradictoire du concept de l’acte libre.

CHAPITRE III

L’Objet métaphysique. — Ce qui le distingue du processus accidentel. — Réfutation de l’objection tirée du concept contradictoire de l’acte libre.

D’innombrables choses apparaissent et disparaissent, à savoir : les effets en moi de l’observation soit externe, soit interne : figures, couleurs, sons, odeurs, saveurs, résistances, etc., et, en outre, mes autres états psychiques (pensées, sentiments, décisions volontaires, etc.) ; enfin mes souvenirs de tous mes états conscients sont également susceptibles d’apparaître et de disparaître, et vraisemblablement aussi les causes immédiates extérieures à moi de tous ces états, mais l’anéantissement total de l’Univers me semble impossible. Je n’ai aucune raison de croire que cette impossibilité