Page:Revue de métaphysique et de morale - 18.djvu/892

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I

Né en 1842 à New-York, fils du révérend Henry James, de Boston, William James tint de son père, écrivain distingué, en même temps qu’une disposition singulière à l’analyse, notamment de la vie intérieure, une tendresse intime pour le mysticisme du grand savant suédois Swedenborg, dont le principe était la relation des êtres terrestres avec les puissances spirituelles. Après un voyage au Brésil, où il accompagna l’expédition Thayer, William James fit des études de médecine à l’école de médecine de Harvard, et devint docteur dans cette branche en 1876. Il appartint toute sa vie à l’Université Harvard. Il y enseigna, comme assistant, l’anatomie et la physiologie comparées, de 1872 à 1838 ; puis la psychologie et la philosophie. Il y fut nommé, en 1889, professeur de philosophie.

Sa vie se passa à chercher, à méditer, à professer et à écrire. Il savait beaucoup, grâce à sa vive curiosité d’esprit, à sa mémoire puissante et précise, à sa connaissance des langues, à son amour des livres, à ses innombrables relations. Mais il n’appréciait que les connaissances tirées immédiatement de l’observation des réalités ou contrôlées par cette observation. Les formules qui ne pouvaient pas se traduire en faits lui paraissaient négligeables. Un mot revenait constamment dans sa conversation, à propos de la manière de penser qui lui était chère, le mot : direct. Il ne lui était pas désagréable de lancer les faits, l’expérience brutale, la vie réelle, le bon sens, les choses basses, communes et familières, chères à Pascal, à travers les savants systèmes, les grands mots et les traditions sacro-saintes de la scolastique ancienne et moderne. À des étudiants qui venaient chercher dans ses cours des réponses toutes faites pour leurs examens, il donnait, avec sa vivacité et sa verve primesautière, le résultat de ses recherches et de ses réflexions personnelles sur les problèmes qui le passionnaient, sans se souvenir qu’il existait un