Page:Revue de métaphysique et de morale - 18.djvu/899

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logique. Leur matérialisme s’évanouira, leur mécanisme s’animera, leur déterminisme s’assouplira.

Ayant ainsi déterminé les conditions du passage delà physiologie à la psychologie, William James se consacra pour un long temps à cette dernière science. Il la traita pour elle-même, suivant la méthode et du point de vue qui convenaient précisément à cette étude. Il se plaça, conformément à son grand principe, au centre de son sujet. Tel Descartes, regardant chaque objet en face. L’œuvre de James, en cette matière, est si considérable, si originale, si constamment en contact avec la réalité vivante, qu’elle demeurera bien certainement, comme marquant l’une des phases principales du développement historique de la science. C’est, après le règne de l'associationnisme, la restauration de l’introspection sur de nouvelles bases.

L’objet de la psychologie est, selon James, la vie de la conscience personnelle. Celle-ci a deux caractères : Premièrement, elle est une activité téléologique, consistant dans un choix de moyens en vue de la réalisation d’une fin. Secondement, le but qu’elle poursuit est la conservation des parties de son contenu auxquelles elle s’intéresse, et l’élimination des autres.

Tel est le fait fondamental. Situer ce fait dans son milieu physique, c’est-à-dire dans le cerveau ; en décrire toutes les phases et toutes les formes, et les relier à leurs conditions physiologiques : à cette tâche immense répondent, pour une bonne part de son étendue, les Principes de Psychologie (1890) et le Précis de Psychologie (1892), depuis longtemps classiques dans tous les centres des recherches psychologiques : ouvrages d’un caractère véritablement scientifique, où la psychologie est expressément traitée comme science naturelle ; en même temps très libres d’allure, à travers l’ordre précis et subtil des matières ; très vivants, très attrayants, lecture fortifiante et charmante pour un homme du monde, aussi bien que sujet d’étude très instructif et fécond pour le spécialiste. Qu’on lise dans le Précis, le chapitre sur l’habitude, ou la fin du chapitre sur la volonté ; et l’on constatera avec une surprise ravie, que, comme le philosophe considère toujours le donné dans la totalité de son contenu, ainsi, jusque dans l’ouvrage le plus technique, l’auteur, toujours, écrit avec tout lui-même, avec son imagination et son cœur, comme avec son intelligence et sa science.

La psychologie déborde la physiologie. La matière de celle-ci, qui, d’abord, semblait un tout absolu, n’est plus qu’une partie pour celui