Page:Revue de métaphysique et de morale - 8.djvu/672

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eux-mêmes ébranlés et apparaissant comme muables, depuis l’apparition des géométries non euclidiennes et à n dimensions.

M. Kozloswki attire l’attention sur une affirmation de M. Weber, selon qui l’idée d’évolution serait moderne. Mais l’idée se présente à l’esprit dès qu’il aborde la question du devenir : voyez les systèmes d’Anaxagore, d’Anaximène, de Démocrite. La grande différence entre l’évolutionisme ancien et l’évolutionisme moderne se trouve constituée par la présence, chez les anciens, de l’idée cyclique (des périodes d’involution succédant à des périodes d’évolution).

M. A. Lalande, docteur ès lettres, professeur au lycée Michelet, analyse et lit partiellement son mémoire : Sur l’amélioration et la fixation du langage philosophique. M. Lalande pose une question pratique qui suppose un travail collectif. La philosophie s’entend en deux sens : tantôt comme un effort individuel pour saisir en soi la réalité, et subordonner harmonieusement à cette vue personnelle l’ensemble de ses pensées ; tantôt comme un ensemble de problèmes déterminés et susceptibles de solution qui forment à la fois, d’une part, la matière de l’enseignement et des examens, de l’autre, le système des idées rationnelles communes qui coordonnent les sciences et qui dirigent la conduite. Toutes ces fonctions de la philosophie sont essentielles, surtout dans notre société. Or elles ne peuvent être remplies si les philosophes ne s’entendent pas pour établir les conventions nécessaires à l’expression de ces idées, et si, comme il arrive trop souvent, ils croient s’amoindrir en enseignant des vérités transmissibles. C’est manquer à leur fonction à l’égard des sciences et à l’égard de l’éducation. — Mais est-il possible d’établir un vocabulaire philosophique défini ? Oui, selon M. Lalande, car les philosophes s’entendent entre eux beaucoup mieux qu’on ne croit. On peut le vérifier : il est plus facile pour un philosophe de tomber d’accord avec un philosophe qu’avec un homme quelconque, et même un savant, quand ils n’ont pas de culture philosophique. Il y a un fond commun d’idées auquel ils ne font pas attention, mais qui existe : la réunion même d’un Congrès de philosophie suppose l’existence de ce fond commun. — Pour arriver à la constitution d’un vocabulaire philosophique, un travail lexicographique préalable serait nécessaire. Pour un certain nombre de termes (tels que les termes de masse, d’énergie, de potentiel etc.), la règle à suivre