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ÉTUDES SUR LES ALCHIMISTES GRECS



SYNÉSIUS À DIOSCORE



1. Des œuvres apocryphes peuvent mériter, pour la restitution de leur texte primitif, autant d’égards que les écrits les plus authentiques ; il suffit que, depuis une date déterminée, elles aient été couramment acceptées et qu’elles aient exercé une influence sérieuse. Depuis la publication par MM. Berthelot et Ruelle de la Collection des anciens alchimistes grecs, on ne peut nier que la double condition que nous venons d’indiquer ne soit remplie pour le traité connu sous le titre : Δημοϰρίτου φυσιϰὰ ϰαὶ μυστιϰά. Il n’en est au contraire nullement de même pour le second opuscule chimique qui nous est parvenu avec une pareille attribution, le Cinquième livre de Démocrite, dédié à Leucippe. Il ne semble en effet avoir été cité par aucun des alchimistes postérieurs.

Malheureusement le premier traité ne nous est parvenu que dans des conditions qui ne l’ont garanti ni contre les mutilations, ni contre les interpolations ou altérations de toute sorte. Comme, pour l’histoire de l’alchimie, il est essentiel de connaître exactement le caractère véritable d’une œuvre qui a joué un rôle capital, mais n’a été transmise que suivant une tradition qui en a systématiquement défiguré le sens, il y a intérêt à étudier les citations qui en ont été faites et à essayer de déterminer ainsi quelles modifications ont pu être apportées, dans la suite des temps, au texte original. C’est ce que je me suis proposé de faire, en m’attachant tout d’abord au plus ancien commentaire que nous possédions et qui a été composé par Synésius sous forme d’un dialogue entre lui et Dioscore.