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CORRESPONDANCE DIPLOMATIQUE.

grands inconvéniens, et l’Empereur se sentant appelé, par son amitié réelle pour le prince, à ne pas souffrir qu’il compromît gratuitement ce qui concernait ses intérêts personnels, aussi bien que la tranquillité intérieure du royaume dont son auguste frère lui avait conféré la régence, Sa Majesté ne pouvait consciencieusement s’empêcher de lui donner le conseil de ne pas hésiter un moment à s’embarquer dans un port d’Angleterre ou des Pays-Bas ; que l’infant devait nécessairement choisir entre ces deux pays, qui lui offrent la route la plus courte pour se rendre à sa destination, prenant en considération que, s’il traversait la France et l’Angleterre, il ne pourrait éviter de s’arrêter à Paris et à Londres, de présenter ses respects à Sa Majesté Très-Chrétienne et à Sa Majesté Britannique ; que, d’un autre côté, en s’embarquant dans l’un des ports des Pays-Bas, il pouvait, il est vrai, aller directement à Lisbonne, et y arriver plus promptement, mais qu’il perdrait une occasion favorable de voir le roi d’Angleterre, d’obtenir ses bonnes grâces, et de réclamer en personne le secours que l’empereur don Pédro, son frère, avait récemment sollicité pour Son Altesse Royale, dans la lettre adressée à Sa Majesté Britannique le 3 juillet.

Les plénipotentiaires portugais ayant pris sur eux de porter cet avis paternel à la connaissance de l’infant, ce fut dans la soirée du 9 octobre qu’ils s’acquittèrent de cette commission. Le prince les écouta avec la plus sérieuse attention ; mais il n’hésita pas à leur déclarer que les considérations qu’ils venaient de lui soumettre n’avaient pas influé sur sa détermination ; qu’il était fermement résolu à ne s’embarquer que sur un vaisseau portugais, pour aller directement à Lisbonne, et que, quant au délai qui en résulterait, il n’y avait pas lieu de craindre qu’il affectât la tranquillité intérieure du Portugal ; qu’il écrirait, et qu’on lui répondrait que la tranquillité ne serait pas troublée. Cette déclaration rendant toute nouvelle délibération inutile, j’annonçai, de mon côté, que j’en instruirais l’Empereur.