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VARIÉTÉS.

Le général Kniaziewicz, ayant sous ses ordres le 1er bataillon d’artillerie, occupa le Capitole, où fut établi le quartier-général polonais.

Ainsi l’on vit cette poignée de braves, exilés de leur pays et jouets d’un sort contraire, venir s’asseoir, conquérans, sur les débris de la splendeur romaine.

Ce rapprochement fit battre d’orgueil le cœur de ces généreux patriotes, et ils puisèrent dans l’aspect de la ville monumentale, l’amour des beaux-arts, qui console des malheurs. Aussi Dombrowski, voulant que le séjour de Rome profitât à ses compagnons d’armes, cherchant d’ailleurs à préserver leurs loisirs d’une oisiveté corruptrice, leur conseillait, dans un ordre du jour, de consacrer les momens libres d’occupations militaires à la culture des langues, de l’histoire et des mathématiques. Il leur faisait sentir que dans toutes les positions, et plus particulièrement dans celle où ils se trouvaient, les Polonais devaient attirer sur eux l’attention de l’Europe, non point par leur nombre, mais par des connaissances et des vertus au-dessus de celles que l’on exige des guerriers vulgaires…

Un siècle s’était écoulé depuis l’époque où Jean Sobieski, délivrant la capitale de l’Autriche d’une prise certaine, avait taillé en pièces les Turcs campés sous ses remparts, et leur avait enlevé le drapeau de Mahomet. La campagne terminée, Sobieski avait envoyé à Notre-Dame de Lorette, avec l’étendard ottoman, le sabre dont il avait fait usage pour conquérir ce trophée. Lorette avait accepté ces dépouilles, et depuis lors elles étaient demeurées suspendues aux murs de son temple.

Le consulat romain, prenant en considération que Rome régénérée était alors habitée et défendue par des légions polonaises, conçut l’idée de faire entre leurs mains une restitution glorieuse. Il prévint donc le général Dombrowski qu’il existait dans Lorette un monument de la gloire militaire de sa