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ADMINISTRATION DES INDOUS.

l’Inde où ils cultivent les céréales les plus grossières, l’habitude qu’ils ont d’élever des troupeaux, confirment la tradition et les récits historiques des Indous qui représentent leurs prédécesseurs comme une race de bergers nomades ; et ce qui n’est pas moins remarquable, c’est qu’ils sont encore esclaves ou serfs de la glèbe dans les contrées de Malabar et du Tamoul méridional, où les mahométans n’ont jamais pénétré. Ce fait semble venir à l’appui des récits suivant lesquels les rois aborigènes furent chassés par les Indous qui soumirent les vaincus aux lois de la conquête en les traitant comme esclaves. Ce sujet, très-curieux, donnerait lieu, sans doute, à des recherches intéressantes ; mais les limites de notre recueil ne nous permettent pas de lui accorder toute l’attention qu’il mériterait.

Il ne nous appartient pas non plus de décider à quelle époque les Indous ont fait cette conquête, nous nous bornerons à dire qu’ils vinrent du nord, et qu’à l’époque où Menou écrivait ses institutes, environ 880 ans avant Jésus-Christ, la race d’hommes pour laquelle ce code fut composé n’avait pas encore traversé les fleuves Mahanudda et Nerbudda, ou plutôt les monts Vindhaga, ainsi qu’il résulte évidemment des limites territoriales assignées par Menou lui-même aux pays des Indous. Son code semble avoir été composé pour un peuple déjà très-avancé dans la civilisation, et si nous faisons abstraction des flatteries adressées au sacerdoce, que l’on y rencontre fréquemment, nous ne pourrons nous empêcher de considérer ce plan de gouvernement comme un des plus remarquables et des plus complets qui soient parvenus à notre connaissance. Dans la constitution des Indous, chaque village représentait une petite république ; plusieurs villages composaient un district, et plusieurs districts une principauté ou un royaume. Le sol de chaque village, qu’il était prescrit d’administrer avec autant de soin qu’un domaine privé, appartenait aux habitans primitifs ; et quoique la propriété ait été divisée et subdivisée,