Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 1.djvu/346

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
328
ASIE BRITANNIQUE.

avec un domaine que nul ne pouvait louer ou acheter. Cependant les mahométans reconnurent nominalement le droit de propriété, sous les noms de malik, mirasdar ou achraf, mots qui signifient terres privilégiées et droit d’occupation. Mais ces titres, qu’elles ont encore aujourd’hui, ne leur conféraient aucun autre avantage. La valeur des propriétés foncières s’éteignit donc sous le poids de taxes accablantes, tandis que, chose vraiment étrange, les esclaves des conquérans indous, jusqu’alors attachés à la glèbe, obtinrent leur liberté par suite des revers qu’avaient éprouvés leurs maîtres. Dans la suite des temps, la rigueur avec laquelle on avait d’abord traité les vaincus, diminua insensiblement. Les Indous et les Musulmans, nés et élevés sur le même sol, se réconcilièrent, et l’on vit même les Indous prendre quelquefois de l’ascendant à la cour de leurs maîtres.

En général, la politique cauteleuse qui restreignait les Indous aux fonctions de collecteurs du revenu public, tandis que la force militaire restait concentrée dans les mains des vainqueurs, continuait à prévaloir partout. Cet usage des conquérans leur donnait une puissance considérable en même temps que l’emploi des Indous dans les charges civiles leur conférait une grande autorité sur leurs concitoyens, et les empêchait de risquer dans une révolte les avantages qu’ils possédaient ; aussi toutes les tentatives de ce genre n’ayant été que partielles, furent très-aisément réprimées. Il paraît cependant que l’autorité des Musulmans ne s’étendit jamais complètement sur l’Inde, car on y trouve encore aujourd’hui de vastes étendues de pays, telles que le Rajestan dans l’Inde supérieure, qui avait appartenu aux chefs indous et où domine encore l’ancienne forme de leur gouvernement.

On ne saurait nier que les réglemens politiques des mahométans ne fussent combinés de manière à être très-oppressifs ; mais peu à peu ils dépensèrent dans le pays ce qu’ils en tiraient, les richesses qu’ils accumulèrent firent rechercher les produits