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ÉTATS-UNIS.

de temps, quelques hommes de bien se sont occupés des moyens d’améliorer la condition des indigènes ; mais jusqu’ici leurs tentatives ont été sans succès. Moi aussi, j’y ai beaucoup réfléchi, et mon désir le plus ardent a été que les Indiens jouissent, à l’égal des blancs leurs voisins, de la plénitude des bonnes choses qui rendent la vie aisée et heureuse. J’ai long-temps considéré ce qu’il fallait faire pour atteindre ce but, et je n’ai trouvé qu’un chemin pour y arriver.

» Mes bien-aimés Chérokées, vous devez commencer à vous apercevoir de la rareté du gibier, qui abondait autrefois dans vos bois, et quand vous revenez de la chasse sans avoir tué ni daim, ni aucune autre bête fauve, il vous faut nécessairement endurer la faim ; vous savez que si vos forêts ne vous fournissent plus de pelleteries, les trafiquans ne vous donneront ni poudre ni vêtemens, et qu’avec la houe, pour tout instrument aratoire, vous ne recueillerez jamais qu’une quantité de maïs insuffisante pour votre consommation. Il s’ensuit que vous vous exposez quelquefois à souffrir beaucoup de la faim et du froid, et vos souffrances s’accroîtront en proportion de la rareté du gibier. Vous me demanderez le moyen de remédier à cet état de choses ; le voici, écoutez-moi :

» Mes bien-aimés Chérokées, plusieurs d’entre vous ont tiré de grands bénéfices de l’éducation des bêtes à cornes et des porcs ; eh bien ! élevez-en tous, et jamais la viande ne vous manquera. Ajoutez-y des moutons ; vous aurez leur laine pour vous vêtir, et leur chair vous fournira une nourriture saine et abondante. Votre territoire est fertile, et d’une vaste étendue. Il vous serait facile d’y élever assez de bestiaux, non-seulement pour vos besoins, mais encore pour en vendre au peuple blanc. L’emploi de la charrue augmenterait prodigieusement votre récolte de maïs. Pourquoi ne cultiveriez-vous pas aussi le froment, qui fait le meilleur pain, et d’autres céréales non moins utiles ? Vous pourriez, plus tard, récolter du lin et du coton, que vous vendriez aux blancs, si vous n’ai-