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VARIÉTÉS.




SOUVENIRS DU BRÉSIL.




SIÉGE DE SAN-SALVADOR.


L’étendard portugais flottait encore sur les murs de San-Salvador. En regardant cette bannière si connue de la victoire, mon ame ne pouvait se défendre d’un sentiment de tristesse. Je réfléchissais sur l’instabilité de toutes les grandeurs humaines, et je cherchais à prévoir, avec un sentiment d’amertume et d’anxiété, le moment où peut-être des revers semblables viendraient arrêter le cours des hautes destinées de ma patrie. Qu’il était changé l’aspect de cette baie magnifique ! La nature brillait encore, au milieu des horreurs de la guerre, de la vivacité des couleurs qui n’appartiennent qu’aux régions des tropiques ; mais les nombreux vaisseaux qui voguaient autrefois sur les eaux profondes du golfe, la multitude de barques qui, par leur blancheur éclatante, embellissaient sa vaste étendue, et portaient dans l’intérieur les fruits de la civilisation européenne, tout avait disparu. Lors qu’on abordait au rivage, la scène devenait plus sombre. Les quais, où régnait naguère tant de mouvement et d’activité, où retentissaient les cris sauvages et discordans de la population