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SOUVENIRS DES CÔTES D’AFRIQUE.

ferons le commerce avec eux, et qu’ils peuvent être assurés que les navires français apporteront des marchandises ; alors d’eux-mêmes ils expulseront ces étrangers qu’ils détestent. Ils m’ont proposé de le faire, si je pouvais leur promettre que les navires français viendraient ; je leur ai répondu que mon gouvernement était un gouvernement pacifique, ne se mêlant point des affaires des autres nations ; que jamais il ne commencerait une guerre, mais qu’il punissait sévèrement ceux qui l’attaquaient ; que j’étais venu voir le pays dans des intentions amicales et que l’on sévirait contre moi si je me mêlais de leurs affaires ; enfin, que je ne pouvais rien leur promettre pour les décider à prendre un parti. Je leur fis entendre que si, selon mon désir, des Français venaient s’établir dans leur pays, ils conclueraient avec eux des traités qu’ils seraient les premiers à respecter, et qu’ils sauraient faire respecter de tous. L’idée que les plus éclairés d’entre eux ont conçue de notre nation nous est assez avantageuse ; les Anglais, au contraire, sont généralement peu aimés au Rio-Pongo, pour avoir brûlé des villages à plusieurs reprises. D’anciens colons de Sierra-Léone, établis au Rio-Pongo, se rappellent que les Français ont pris Sierra-Léone, et ont distribué aux habitans tout ce qui se trouvait dans les magasins du gouvernement ; ils nous regardent donc comme des gens faisant la guerre pour venger des injures, sans tenir au butin qu’elle procure. L’expédition dont ils m’ont parlé, et qui a eu lieu en 1794 ou 1795, était composée du vais-