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VOYAGES.

terrible depuis que Yorédi a fait massacrer tous les mahométans qui se trouvaient dans ses états. J’aurais traversé le pays des Sousous, où règne Will-Fernando, nègre élevé en Angleterre ; de là, j’aurais passé, à travers une autre nation de Sousous, dont parle un voyageur anglais (le major Laing, je crois), gens qui, pour la plupart, habitent dans les bois. Voici les mesures que j’avais prises : Will-Fernando m’ayant écrit en très-bon anglais, pour me demander des marchandises, je lui répondis que je ne faisais pas le commerce, mais qu’ayant beaucoup entendu parler de sa puissance et de ses talens, je me proposais de l’aller visiter lorsque je reviendrais au Rio-Pongo ; il m’annonça qu’il m’enverrait une pirogue et des hommes pour me transporter quand je le ferais prévenir. Ainsi le début de mon voyage était assuré ; moyennant un présent et quelques complimens, j’espérais traverser son pays sous sa protection. Le second roi auquel je devais avoir affaire n’était pas si aisé à gagner ; mais mon vieil ami mandingue, dont j’ai parlé plus haut, avait eu un fils d’une des sœurs de ce prince ; il s’appelait Younisa ; cet enfant m’était confié par son père ; il devait me servir, et en retour, je m’engageais à lui faire apprendre à lire et à écrire en français. En traitant bien Younisa, en l’habillant proprement, je me proposais de me présenter avec lui chez le roi des Sousous son oncle ; j’avais eu soin de m’assurer que sa nourrice me suivrait : cette femme, enlevée de son pays à l’âge de vingt-cinq ans, y devait encore connaître du monde ; la ma-