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SOUVENIRS DES CÔTES D’AFRIQUE.

tations des Européens, et que le prix qu’on retirerait de sa vente paierait l’honorable assemblée de ses peines ; mon vieux Mandingue voulut, d’après le Coran, que la loi du talion fût appliquée. Son avis l’emporta, et le coupable fut conduit dans un champ, où il fut égorgé avant que les Mongos assemblés eussent eu le temps de s’humecter les lèvres de quelques verres d’eau-de-vie.

Lorsque les Sousous nont pas de Mandingues avec eux, ils ne sont pas si sévères dans leurs jugemens ; en payant on peut éviter le châtiment. Une mulâtresse mariée avait un amant, qui tous les soirs venait la trouver, et pour lequel elle préparait un petit repas. Un soir elle appela une jeune captive et lui dit d’apporter le souper ; le riz était cuit, mais le chat avait mangé la viande. La maîtresse furieuse pendit son esclave par le cou à une traverse de la case, et sortit aussitôt. Quelques instans après, la négresse expira. Lorsque cet assassinat fut connu, les Mongos sousous condamnèrent la mulâtresse à mourir ; le mari intervint, fit quelques cadeaux, et sa femme fut absoute.

Les Sousous du Rio-Pongo vivent dans un pays fertile, où les pâturages sont abondans, et pourtant ils sont pauvres et n’ont point de bestiaux ; je crois que leur pauvreté fait leur sûreté. Les Dialonkais, dont ils dépendent, veulent bien oublier qu’ils sont idolâtres, parce qu’ils ne gagneraient rien à leur faire la guerre ; mais s’ils devenaient riches, ils exciteraient la cupidité de leurs voisins,