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HISTOIRE MODERNE.

près de cent cinquante étudians, et Borch-Elersen, le plus riche et le plus distingué de ces établissemens. Les autres jeunes gens demeurant dans la ville ne sont assujétis à aucune observance pénible, et passent leur temps d’école dans la jouissance de cette liberté, patrimoine antique des universités allemandes, et mutilée par la Sainte-Alliance comme toutes les autres libertés du pays.

D’ailleurs Copenhague conserve encore quelques-unes de ces vieilles traditions universitaires, souvenir du moyen-âge, espèce de legs fait à nos temps modernes par ces corporations redoutables qui furent à la fois l’asile de la science et l’un des pouvoirs de l’état. L’université a sa propre juridiction d’ordre et de police, sa pénalité, ses prisons, ses amendes au profit de la caisse des pauvres ; il n’y a d’exception que pour les étudians coupables de crimes, qui ressortissent alors des tribunaux ordinaires. Le recteur est chef de l’université et président du tribunal académique : ce magistrat, qui change tous les ans, occupe pendant l’exercice de ses fonctions un rang intermédiaire entre celui de ministre et celui de conseiller d’état ; il dîne une fois par mois à la table du roi, et possède toutes ces prérogatives aujourd’hui oubliées chez nous, et qui témoignent de l’ancienne importance de cette dignité scientifique : c’est le droit de se faire précéder de deux huissiers chargés de sceptres d’argent doré, et de porter la chaîne et la médaille d’or à l’effigie du fondateur de l’université, Chrétien iii. Dans ces formes, qui contrastent si vivement avec nos