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SOUVENIRS DES CÔTES D’AFRIQUE.

caboteurs vendent souvent une partie des produits qu’ils ont traités avec les nègres, d’un côté parce qu’ils trouvent à meilleur marché à Saint-Mary les articles que j’ai cités plus haut ; et d’un autre côté parce que les vents contraires, qui règnent pendant la plus grande partie de l’année, et la difficulté que de petits navires éprouvent à louvoyer avec la lame de bout, les obligent à séjourner en Gambie.

À cinq lieues au-dessus de Saint-Mary se trouve Albréda, poste non fortifié, où les Français ont un résident. La pénurie des capitaux fait qu’on ne peut pas juger des avantages commerciaux que l’on pourrait retirer de ce poste ; cependant il est permis de penser que notre commerce ne saurait jamais en tirer un grand parti, à cause de la concurrence de Saint-Mary, où, comme je l’ai déjà dit, on trouve beaucoup d’articles essentiels au commerce d’Afrique, à bien meilleur marché qu’on ne pourrait se les procurer chez nous.

Le dimanche, tout ouvrage cesse à Saint-Mary ; on ne permet pas aux naturels de venir vendre leurs produits, ni même de fournir le marché de comestibles. Celui qui se livre au travail ou à la joie ce jour-là est puni d’emprisonnement ou d’amende ; le seul passe-temps qui soit lawful est de s’enivrer. Il est immoral de danser ou de chanter le jour du sabbat ; mais un homme peut sans offenser la morale publique noyer sa raison tous les dimanches dans les liqueurs fermentées.

Les Anglais ont à Saint-Mary un prédicateur