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VOYAGES.

Les officiers sont en proportion aussi peu payés que les soldats ; ils obtiennent de l’avancement par un cadeau de cire ou de cuirs fait au gouverneur des îles du cap Vert. Les officiers et les soldats n’étant pas assez payés pour se procurer les choses indispensables à la vie, sont obligés de faire le commerce.

Le pays m’a paru pauvre, sous le rapport commercial ; les importations surpassent de beaucoup les exportations ; cependant l’odieux trafic ou traite des nègres les soutient un peu. Je crois néanmoins que si Bissao était occupé par une nation européenne industrieuse et jouissant d’un commerce libre, un comptoir pourrait y offrir des avantages. On y achète de la cire, de l’ivoire, de l’écaille de tortue, des cuirs, du riz. Les habitans des îles Bisagos y viennent en pirogues vendre quelques produits.

L’aspect du pays est agréable ; il annonce un peuple laborieux. Les terrains bas sont entourés de digues de trois à quatre pieds de haut ; ils sont cultivés par sillons profonds, pour que l’eau y séjourne ; la communication de l’eau se fait au travers des digues, au moyen de troncs de palmiers creusés. Lorsque le propriétaire croit son champ suffisamment arrosé, il débouche le conduit de communication qui aboutit dans le champ voisin, et alors il travaille à retourner dans la terre toute la paille de riz qui est restée sur pied de la récolte précédente. Le propriétaire d’un champ situé sur le bord de la rivière a soin de n’ouvrir sa communication qu’à la marée basse.