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VOYAGES.

Tout esclave qui se réfugie chez les Papels est libre. Ces gens m’ont paru trop occupés de leurs cultures pour être importuns à des étrangers. Les volailles sont abondantes et à vil prix ; les porcs sont aussi abondans et peu chers ; le vin de palme est commun ; leurs troupeaux de bœufs, quoique de petite race, sont nombreux et en très-bon état, même dans la saison sèche.

L’étranger qui voudrait chasser dans le pays des Papels doit surtout s’abstenir de tuer des oiseaux sur les arbres consacrés ; malheur à lui s’il commettait cette impiété ! Ne pouvant distinguer les arbres sacrés, j’ai évité toute erreur en ne tirant jamais sur ceux que je voyais entourés de broussailles à leur pied, auxquels je remarquais qu’on n’avait coupé aucune branche, auprès desquels enfin l’herbe n’était pas foulée. Avec des gens grossiers on ne saurait trop se garder de mettre le fanatisme en jeu.

Les femmes de ce pays sont plus animées que celles de Saint-Louis ; elles sont aussi plus aimables. On trouve chez elles des manières qui surprennent dans des filles presque sauvages ; elles nous reprochaient d’être moins caressans, moins voluptueux que les Portugais, ce qui montre de quel côté la civilisation a fait des progrès chez elles.

Les Papels, comme tous les peuples du voisinage, depuis l’île de Jatte jusqu’à Boulam, ont souvent à souffrir de la piraterie des habitans des Bisagos.

Le 26 décembre 1828, on tira le canon toute la