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Telle est Stamboul la bien-aimée,
Stamboul aux minarets dorés,
Stamboul, où sur l’onde calmée
Cent pavillons sont arborés !
Là, les colombes du Prophète,
Chères aux pieux Osmanlis,
Volent libres de faîte en faîte,
Porter leurs amours et leurs nids.
Là, sur l’Europe et sur l’Asie
Mes yeux s’arrêtent tour à tour,
Et je ne sais pour mon séjour
Quelle rive j’aurais choisie.
Mais sous quelqu’un de ces berceaux,
Qui couronnent leur douce pente
D’un diadème de rameaux,
J’aurais voulu dresser ma tente ;
J’aurais voulu, vrai musulman,
Chercher les songes dont se berce
Le Turc, étendu mollement
Sur de riches tapis de Perse ;
Des parfums d’un pays lointain
Je m’enivrerais en silence,
Et me confierais au destin
Dans une pieuse indolence ;
Tranquille, je saurais goûter
La liberté mahométane,
Et sous les rameaux du platane
Couler mes jours sans les compter.


Vicomte de Nugent.

Péra, ce 12 novembre 1829.