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VOYAGES.

guerre ; il ne pourrait atteindre ce but s’il n’avait pas un asile inviolable à offrir à ceux qu’il regarderait comme les plus faibles. Il doit s’attacher, par sa conduite et par une surveillance active sur les européens, à donner au nouvel établissement une force morale basée sur la justice et sur l’intérêt commun des européens et des nègres. Il doit écouter toutes les plaintes ; souvent les nègres lui en porteront de frivoles, mais en leur répondant tranquillement, et surtout en prenant la peine d’entrer dans des explications, il parviendra aisément à leur faire entendre raison, et par cette conduite il acquerra une réputation de justice qui rendra sa tâche bien plus facile par la suite.

Qu’il évite surtout de prendre une femme du pays : plus les parens de cette femme seront puissans, plus il se trouverait à la merci des nègres ; les indigènes se croiraient en droit de tout exiger de lui, et s’il refusait de leur complaire, les marabouts ou les jongleurs se serviraient de la superstition pour travailler l’esprit de sa femme, et sa vie ne serait plus en sûreté. S’il croit qu’une femme du pays puisse lui être utile dans ses rapports avec les indigènes, il doit lui donner une case à part, et lui interdire l’entrée de sa cuisine.

Au surplus, Cagnabac, par sa situation un peu éloignée du continent, et par la nature de sa population, ne serait aucunement propre à recevoir un établissement de commerce.

Il n’est pas étonnant que des gens habitués à la