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MORT DE RICHARD II.

meurée en France, elle s’en fust bien passée à moins. »

Richard, continue le chroniqueur, ordonna que la dame de Courcy fût renvoyée en France, et que ses dettes fussent payées. Le roi mit à sa place la dame de Mortemer. Avant de se séparer, le roi et la reine assistèrent au service divin chez les chanoines de St-Georges, et leurs adieux furent si tendres que notre chroniqueur s’écrie : « Par Notre-Dame ! je ne vis oncques si grand seigneur faire si grande fête, ne montrer si grand amour à une dame comme fist le roy Richard à la royne ! et estoit bien grand pitié de leur départie, car oncques depuis ne se virent l’ung l’autre ! »

Pendant que ceci se passait, le comte de Derby, duc d’Hereford, fils du feu duc de Lancastre, et qui avait été exilé en France, pensa que c’était le moment de courir les chances d’un grand succès ; il fit répandre des bruits, qui ne paraissaient que trop fondés, sur les vues ambitieuses de Richard ; il fit écrire que le roi appelait auprès de lui une foule de chevaliers français pour affermir sa domination et consolider son despotisme. Enfin il faut dire encore que la manière déloyale dont Richard avait violé la charte octroyée par lui en 1381 indignait violemment contre son pouvoir une grande partie du peuple des villes et des campagnes[1]. Le nouveau duc de Lancastre rentra

  1. Cette charte avait été accordée aux cultivateurs des différens comtés d’Angleterre, à la suite d’une grande insurrection qui