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ANTIQUITÉS DU MEXIQUE.

que tout est en poussière, ou couvert de toiles d’araignées par le manque d’eau ! Ô douleur des pauvres gens ! ils meurent déjà de faim ; ils sont tous amaigris, défigurés ; l’auréole livide qui entoure leurs yeux est semblable à celle des morts.

» Ils ont la bouche sèche comme l’herbe desséchée, et l’on peut compter tous les os de leur corps, comme si c’était la figure de la mort elle-même ! et les enfans, ils s’en vont tout défigurés, ils sont jaunes, leur couleur est celle de la terre. Jusqu’aux quadrupèdes et aux oiseaux qui souffrent de cette tribulation, à cause de la sécheresse. C’est une grande tristesse que de les voir, ces oiseaux, les uns avec leurs ailes abattues et se traînant de faim, les autres tombant de l’air, parce qu’ils ne peuvent plus voler ; d’autres encore ayant le bec ouvert de faim et de soif. Et les animaux, Seigneur, c’est grande douleur que de les voir tomber de défaillance et dévorer la terre, la langue collée, la gueule ouverte, haletant de faim et de soif. Et les hommes, ils perdent le jugement ; ils meurent faute d’eau, tous périssent sans qu’un seul demeure. Il semble que nous soyons dans le feu. Certes, c’est une chose horrible que de souffrir la faim comme nous la souffrons. Semblable à la couleuvre à qui le désir de la pâture fait répandre sa salive, qui se replie, qui demande à manger, qui mugit pour qu’on lui donne de la nourriture, l’homme demande sa subsistance, et c’est chose épouvantable que de voir son agonie.

» Il y a des années que nous avons entendu dire aux vieux et aux vieilles qui sont passés, que le ciel devait tomber sur nous, et que l’on verrait descendre les démons de l’air, appelés Tzitzimites, qui doivent venir détruire la terre avec tous ceux qui l’habitent, pour que